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Au fait, le système Leclerc est-il vraiment indécent ?

AufaitRevue de presse dominicale. Au menu du jour : Au fait. Un média lent“, comme le présente l’éditeur. Sous-entendu, un média qui, à la différence de ses congénères, prend le temps de la réflexion, de l’analyse. Bref, qui promet de la hauteur de vue en lieu et place de l’habituelle facilité des raccourcis. Ce qui, effectivement, vaut promesse de grand changement 😉 En titre : “L’indécent système Leclerc”. Après tout, pourquoi pas… Tout est dans l’argumentaire développé. Nul besoin d’aller bien loin pour – hélas – faire d’Au Fait un média finalement comme les autres : n’hésitant devant aucun raccourci pour servir une démonstration à l’avance déterminée. La preuve ? L’édito… “Tous les adhérents Leclerc paient l’ISF“. Faux, hélas. Et facile à démontrer. Imaginez en effet un jeune adhérent (il y en a). Son patrimoine est quasi-exclusivement investi dans son outil de travail, lequel n’intègre pas l’assiette de l’ISF. Ne vous trompez pas : il ne s’agit pas de faire pleurer sur le sort des adhérents Leclerc… Evidemment pas. Mais juste de constater, dès la première page, qu’Au Fait n’a pas la hauteur de vue promise et qu’il faut donc lire la suite avec distance. Ce que je fais néanmoins, ayant été interrogé pour les besoins de l’enquête (et, au passage, étant le seul qui a visiblement accepté d’être cité !).

La suite donc. Pas inintéressante, loin s’en faut. L’enquête est bien documentée (j’avoue y avoir appris quelques anecdotes). Mais à des années-lumière de l’appel de couverture. Certes, l’auteur met en exergue l’intérêt des adhérents pour la santé économique de leur affaire. Mais comme a priori tout entrepreneur. Certes, ils préfèrent le confort d’une Audi à la rusticité d’une Dacia. Là encore, la vie “ordinaire” d’un entrepreneur. Etc. Cela suffit-il pour à faire un système “indécent” ? Réponse : non. Perfectible dans le comportement de certains ? Sans doute. Mais la notion même de “système” évoqué par l’éditeur si ambitieux dès sa couverture suppose, par définition, une globalité de comportement et de dérives. Ce qui n’est factuellement pas le cas. Le “système” Leclerc a d’ailleurs même un intérêt macro-économique… décent : il “répartit” la richesse. Moins que le souhaiteraient certains, j’en conviens… Mais bien davantage que le capitalisme intégré de Carrefour, Casino, Auchan ou Carrefour. Ce qui est quand même la vertu du commerce coopératif. Qu’il s’agisse de Leclerc mais aussi de Système U, Optic 2000, Gédimat, Atol ou Le Choix Funéraire entre autres exemples. Vraiment dommage qu’un magazine aussi ambitieux n’ait pas jugé bon d’aller aussi sur ce terrain… Car il est consubstantiel au “système” Leclerc.

17 commentaires

  1. Un système Leclerc ? Et le système Mulliez alors ? Il faut arrêter de tirer sur la grande distribution sauf pour de bonnes raisons :
    – la nécessaire protection des petits fournisseurs
    _ la responsabilité de la grande distribution vis à vis de la qualité des produits alimentaires qu’elle distribue.

  2. – la responsabilité dans la mocheté du territoire (ah, les trois pauvres arbres ecoresponsables sur un parking)
    – la transformation de terres agricoles en places de parking parce que “no parking, no business” (bon, maintenant ça devient “no drive, no business”

  3. J’ai lu ce document. Je retrouve mon point de vue dans ton billet.
    Je rajouterai que les parties 1 et 2 sont à charge avec des raccourcis tellement orientés qu’ils frisent le ridicule. Par contre la partie 3 est vraiment très bien faite et avec un vrai travail de recherche que je n’avais jamais trouvé ailleurs (hors presse spécialisée). On remarque d’ailleurs que cette troisième partie n’est pas à charge mais explique bien les fonctionnements du “système” avec ses avantages et ses inconvénients voire ses faiblesses.
    Enfin au risque de te répéter, j’ai eu la même réflexion que toi sur la répartition du profit. Ils sont un peu naïfs chez Aufait. Critiquer l’enrichissement d’un patron notamment en dénonçant “l’argent massivement investi dans les magasins et les galeries”, ces messieurs préfèrent un Carrefour qui tient avec la peinture pour verser des dividendes aux actionnaires?
    Une fois de plus, en France, un média se fait plaisir en attaquant une belle réussite française avec un savoir faire reconnu internationalement. Mais bon ça marche je leur ai donné 5€.
    @neuneu
    -le travail du législateur est de prévenir ce genre de problème. Le problème de prendre la grande distribution en bouc émissaire c’est qu’on ne réfléchit pas de manière constructive. Les politiques qui n’ont jamais poussé un caddie et prône le retour aux petits commerçants ne connaissent pas la vie des gens. Si la grande distribution fonctionne, c’est parce que ce modèle est plébiscité par la population! Que le politique adapte les règles pour éviter intelligemment la baisse des surfaces agricoles ou plus généralement imperméabilisées! Rappelons qu’ils font des aéroports (NDL) qui mangeront des hectares et des hectares.

  4. Un journaliste-éditeur qui critique une enquête sur une entreprise pour laquelle il cachetonne, y’a pas un hic dans l’histoire?
    On peut légitimement se poser la question de la crédibilité de la revue de presse dominicale…

  5. @Michel Carrot.
    Soyez aimable d’argumenter un poil plus…
    Donc, je vais être précis puisque vous l’êtes peu… Oui, je “cachetonne” comme vous dites pour Leclerc. Mais pour les autres aussi, c’est là où votre remarque perd un peu de sa saveur quand même. D’ailleurs, je l’assume tellement que je publie tous les ans notre “DONE BOOK” qui est en libre-accès sur le blog. Donc votre commentaire n’est pas une info, juste une reprise de ce que j’affirme moi-même, qui plus est spontanément.
    Et sur le fond, je suis preneur de vos contre-arguments sur ma “revue de presse”. Parce que c’est quand même autrement plus intéressant que la mise en cause de mon indépendance de pensée 😉 Non ?

  6. @Pierre :
    J’aime bien votre blague sur la responsabilité des CDAC, quand on connaît sa composition.
    Quant au législateur, on voit dans quelle estime il est tenu lorsqu’Olivier lui-même nous dit qu’on se dépêche d’ouvrir des drives juste avant l’arrivée d’une loi.
    Mais, vous avez raison, et il est vrai qu’on peut faire un parallèle entre le nucléaire et la grande distribution :
    – la population veut consommer pas cher, peu importe les conséquences environnementales (au sens large)
    – le fournisseur de la solution n’a absolument pas à provisionner dans ses comptes les conséquences de ses actes (incidents, accidents -alimentaires, p.ex., et démantèlements)

  7. Tiens les écolos ont trouvé un nouveau cheval de bataille : les parkings sont trop grands et mange de la surface agricole.
    Ridicule quand tu nous tiens.

  8. @neuneu
    Je ne parlais pas des CDAC mais du législateur. Une fois de plus la grande distribution a bon dos sur un sujet important comme l’imperméabilisation de surfaces agricoles ou autres. Je suis d’accord avec vous sur ce problème mais pourquoi cibler en particulier la grande distribution?
    Concernant le parallèle avec le nucléaire, vous mettez en relation avantage et inconvénient d’un système. Pour le nucléaire : cout et écologie.
    Et c’est là que je veux insister. Qu’est ce que l’on reproche réellement, factuellement à la grande distribution (et toujours en particulier à Leclerc)? Je ne parle pas d’accumuler 10 anecdotes. Vous parlez d’accidents alimentaires? Quelle est la responsabilité de la grande distribution là dedans? Nous sommes soumis à de lourdes normes alimentaires, vétérinaires et légales. Sommes contrôlés en permanence (autocontrôle – DGCCRF – DSV – affaire maritime…). Avons des systèmes d’informations extrêmement poussés pour pouvoir alerter l’ensemble de la chaine en un temps très court. Vous allez me dire que nous pressons les fournisseurs à vendre de la “merde”? Si cela vous fait plaisir de dire que le “horsegate” est du à la grande distribution et pas à un escroc, je ne considèrerai pas cela comme un argument valable.
    La grande distribution – le bouc émissaire facile!
    Et oui! On peut lui taper dessus, il ne part pas! Il est gros, bien visible et en plus il gagne de l’argent! En attendant, les vrais problèmes…

  9. Bonjour Pierre,
    Je ne sais pas de quelle región vous etes en France….. Et dans quel enseigne…. Bien que j’ai une petite idèe.
    Merci d’avoir donnè des arguments puissants…. je retrouve en vous le meme sentiment d’incomprehension de ne pas comprendre pourquoi le peuple Francais cherche autant a detruire la GD et en particulier Leclerc
    Un saludo
    BEN

  10. J’ai bossé chez Leclerc et chez Auchan et, au comparatif Quiestlemoinssocial.com y a pas photo, Leclerc est champion !

  11. @Pierre
    Je suis l’auteur du sujet paru dans Au Fait, connaissant plutôt bien la distribution, notamment pour avoir travaillé à Linéaires, comme Olivier d’ailleurs. Je suis journaliste depuis 25 ans et je n’ai pas modifié mes méthodes de travail pour cette enquête. Ce qui a été publié correspond à des faits avérés, vérifiés et recoupés. « Les parties 1 et 2 sont à charge » écrivez-vous. Effectivement, mettre en exergue le fait que 60 % des adhérents dissimulent leurs comptes, que certains immatriculent leurs véhicules au Luxembourg, que celui de Montbéliard enferme du personnel pour le soustraire à un contrôle de l’Inspection du travail, qu’Edouard a donné des noms à la Gestapo, que le directeur d’Atlantis ait pour consigne de « sortir à zéro », que l’adhérent de Marignane stocke les carburants en zone inondable, que le mouvement se refuse à anticiper l’après-MEL, que la Scarmor qui râle aujourd’hui contre l’écotaxe n’avait pas hésité à imposer aux PME une taxe abusive pour “marchandises détériorée”, etc. tout cela n’est guère flatteur, … mais rien n’est inventé. Un conseil donc : lisez (vraiment) cette enquête.
    @Olivier
    Non Olivier, tu n’est pas la seule personne interrogée à avoir acceptée d’être citée. Vous êtes cinq dans ce cas. Reste que, et ce n’est pas à toi que je l’apprendrai, dans ce secteur, les gens préfèrent parler de manière anonyme 😉

  12. Bonjour,
    C’est un plaisir de vous lire et de vous répondre. Je ne remet pas en cause votre travail journalistique au contraire comme je le dis dans mon premier post, c’est un des articles les plus documentés et précis qu’il m’ait été donné de lire. Ce que je conteste, c’est la tournure, la démarche des parties 1 et 2 qui sont, je persiste, des alignements d’anecdotes à charge plus que l’analyse d’un système.
    Je vous rappelle en effet que le titre qui apparait en une est “l’indécent système Leclerc”. A aucun moment vous ne démontrez l’indécence d’un système mais pointez des dérives, des excès, des abus, qui ne sont pas dus au “système” mais à la cupidité, aux comportements stupides ou tout simplement à des erreurs de certains adhérents ou directeurs. Je ne vois toujours pas en quoi cela fait de E.Leclerc un système indécent. D’autant que vous ne citez que peu d’adhérents visionnaires, philanthropes, peu d’anecdotes heureuses.
    Pour faire une allégorie, c’est comme un article “l’indécent système du journalisme français”.Je prends 3 avantages négociés auprès du législateur par 2-3 journalistes copains-coquins. Je trouve un journaliste véreux qui a balancé une source. Je trouve un journaliste qui est parti en vacance sur les frais de son entreprise. Je trouve un journaliste qui a fait un montage photo pour illustrer un article sans source. Avec un peu de chance, je trouve un rédac chef d’un journal de gauche qui a du pognon en suisse et ça y est, je tiens mon article qui va mettre toute une profession dans le même panier. Les faits seraient avérés mais le sens donné à l’article serait fallacieux. Ce n’est pas le sens que je donne à analyser un système.
    Je passe sur les jugements de valeur sur les voitures, la culture etc…
    Enfin, pour ce qui est de l’anonymat:
    1- tapez “dossier noir grande distribution” sur google et vous comprendrez pourquoi tout le monde se tait et attends que ça passe.
    2- Un mouvement d’indépendant a un porte-parole (MEL chez E.Leclerc – Papin chez U). Les autres se taisent, c’est logique, cohérent, intelligent et intelligible.
    Bonne continuation à vous et bravo quand même, au moins ça fait parler, découvrir le magazine et c’est bien le but. (mon magazine de référence est Polka, je pense que je rachèterai Aufait)

  13. bonjour
    ancien fournisseur de Leclerc…. !!!
    c’est l’enseigne avec laquelle il etait le plus difficile de travailler …. nous disions
    “LECLERC” c’est trop et pas assez
    en reunion de referencement ….on entendait
    “c’est trop cher ”
    “c’est pas assez de remise”!!!!avez-vous vu comment fonctionnent les magasins de Loches et Amboise en indre et loire !!! ??? edifiant ….

  14. Bonjour Paul,
    Non nous ne savons pas….. Expliquez nous! Mais comme vous le citez precisement, pouvez vous avoir le courage de vous devoiler un peu plus.
    Un saludo

  15. que reprocher à la grande distribution et à l’enseigne Leclerc
    . le fait de faire miroiter à leurs directeurs de magasin qu’un jour ils deviendrons adhérents mais pour cela il faut trimer comme un malade être odieux avec le personnel apporter le maximum de résultats ne pas relever la tête et ne pas contredire les maitres de la distribution .
    une fois le challenge accompli, magasin remis sur les rails développement du concept création d’autres magasins on devient odieux avec vous et on vous jette à 55ans sans aucun merci après avoir bien utiliser votre savoir votre expérience .
    certains adhérents Leclerc sont sans foi ni loi aucun respect tout pour eux rien pour les autres

  16. Bonjour,
    J’ai à peu près le même sentiment que l’auteur du billet sur la “collection d’anecdotes” ; disons que je ne me formalise pas de ces comportements, ou que je n’attends pas autre chose de la part des philanthropes professionnels que sont les patrons de la grande distribution …
    Ce que j’ai trouvé intéressant, c’est le fonctionnement « en galeries », avec toute la force de frappe commerciale qui en résulte, notamment, on peut l’imaginer, la possibilité de se positionner, en termes de prix de vente, plus bas que la plupart des concurrents (ceci restant bien entendu une supposition de ma part – et restant d’ailleurs à vérifier).
    Dans les faits cela n’a rien d’indécent, il s’agit d’une stratégie de captation de clientèle « comme une autre » (il me semble que Leclerc communique beaucoup sur le thème du « bon marché »), appuyée par le développements d’une rente, avec les loyers commerciaux … sauf que cette même aisance n’empêche aucunement, c’est attendu, Leclerc d’être le plus intraitable des grands distributeurs, avec ses fournisseurs. Et pas qu’avec les tout petits (je n’imagine même pas ce que ça doit être avec ceux là … travaillant, pour ma part, dans l’agro-alimentaire, pour une société française, grosse PME).
    Bien sûr, on me répondra que les galeries demandent un investissement certain, qu’elles ne sont pas amorties immédiatement (si mes souvenirs sont bons, l’article y fait référence, non ?), etc … mais finalement, au vu de sa situation concurrentielle et de son « succès », Leclerc finance une partie certaine de cet investissement sur les efforts consentis par ses « fournisseurs ». C’est-à-dire qu’il reporte ce coût sur une partie tierce, d’une façon ou d’une autre. A quelle hauteur, cela sera difficile à évaluer, bien entendu. On pourra toujours arguer que ceci relève de la « stratégie », et pas de l’abus de position.
    Et puis la grande distribution, qui devrait être canalisée par le politique … il est assez facile de partir dans ce registre là, au moins autant que sur le versant de l’entreprise « responsable », certes.
    Une fois qu’une entreprise comme Leclerc bascule dans « l’irresponsable », toutefois, et à l’appui de ce que soulève l’article, c’est différent.
    (@Pierre : vous dites que c’est au politique de faire le boulot ? Jusqu’au moment où, le petit doigt levé, on criera au soviétisme …)
    J’ajouterai qu’après tout ceci, voir la gueule d’ange en carton pâte de M-E Leclerc, avec son joli sourire à scratches et à boutons, défendre A LA TELEVISION le consommateur en demandant d’être autorisé à vendre des médicaments … voilà qui achève de me rendre cette enseigne antipathique au possible. Ce type sera sur le front de toutes les dé-règlementations, et fera tout pour voler au secours du consommateur, du moment qu’il y fait son pognon. C’est un briseur de monopoles, qui a pour vocation de tous les remplacer à lui seul.
    Je m’incline silencieusement, quant à la « môchisation » des alentours, comment ne pas être d’accord avec ça …
    In fine, j’aimerais savoir ce qu’il en est des autres grandes surfaces. Et même, le demandant a peu près poliment et en ayant fait le maximum pour ne pas me constituer en « troll », j’aimerais savoir M. Olivier Dauvers peut en dire plus sur la vertu redistributive du système Leclerc ? Ou indiquer un lien intéressant …
    Merci !

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