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Panique : il y a ce que les clients entendent et… ce qu'ils voient

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Dimanche, l’image était belle (revoir ici) : Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, entouré de tous les patrons de la distribution ou presque, pour assurer qu’il n’y avait pas de risque de pénurie et, donc, qu’en conséquence, la panique en rayons était infondée. Moi-même, régulièrement interrogé par divers médias depuis une quinzaine de jours, répète à l’envi la même rengaine : “Non, il n’y a pas de risque de pénurie“. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a précisément pas de risque avéré de pénurie. Les usines fonctionnent, elles disposent de leurs propres stocks auquel se rajoutent les stocks dans les entrepôts des enseignes. Aucun doute, ce que les clients entendent est non seulement aligné (selon qui parle) mais également argumenté. Donc le reflet objectif de la réalité.

Mais  – et il faut faire un brin de psycho-socio ! –, ce qu’ils entendent vient “d’en haut”, par principe suspect. D’autant plus que, eux, en-bas, voient différent. Suffit, pour ça, de se promener en magasins (les journalistes, dans leur mission d’information, ne sont pas contraints au confinement permanent si j’ai bien écouté le Ministre de l’Intérieur 😉 ). Donc, sur le terrain, les clients voient des ruptures, des rayons “défoncés” ou des tablettes tout simplement vides de toutes marchandises. Et n’allez pas leur expliquer que, le matin à l’ouverture, les rayons étaient au carré grâce à l’engagement des équipes depuis le milieu de la nuit… Ne tentez pas davantage de leur faire relativiser ce que représente réellement le nombre de produits en ruptures à l’échelle de l’assortiment total d’un magasin… Non ! Le moindre “trou” en rayon les conforte ! Ils auraient donc raison de se méfier de ce qu’ils entendent car ce qu’ils voient est trop différent. La preuve en trois magasins visités – en clients – entre hier après-midi et ce matin… 

Dans ce premier supermarché de l’Est, un seul rayon est totalement vide : les œufs. Mais, partout dans le magasin, des “trous”, trop visibles pour que les clients ne les remarquent pas. 

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Autre supermarché, toujours dans l’Est. Symboliquement, il n’y a, ici, plus un rouleau de papier-toilette. Juste quelques essuie-tout. Ailleurs dans le magasin, c’est le frais qui est éparse et cultive l’idée d’une pénurie. 

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Plus à l’ouest, un hyper. Là encore, pas un rouleau de papier toilette sur les tablettes. Rien. Nada. Difficile, pour le quidam, de croire la parole venue d’en haut qui en sera davantage encore suspecte de déconnection totale… Ailleurs, on voit les planches dans de nombreuses allées. Pas de ruptures totales, certes, mais un niveau de choix qui, vu du client, s’assimile à une forme de pénurie.

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8 commentaires

  1. Moi j’ai fait quelques réserves non pas par peur de pénurie. Mais tout simplement parce que je veux sortir le moins possible, et je n’ai pas spécialement envie de faire 1h30 de queue tous les 3 jours. C’est tout. Et en cas d’urgence ou de besoin de produits frais (salade) ça sera à mon Proxy (d’ailleurs j’ai redécouvert le charme des superettes de quartier.
    Enfin pour le papier WC quand on est à la maison, en cas de pénurie il y a aussi la salle de bains… Et c’est bien plus propre en plus !

  2. Avec trois enfants a la maison, nous sommes maintenant 5 a table a tous les dejeuner, au lieu de zero! Ca va tres vite. Les gens ne stockent pas. Ils depensent pour nourrier 2-3x plus de bouches 2 fois par jour. La distribution va voir des hausses de CA de 20% sur la duree!

  3. Il y a ceux qui font des provisions et ceux qui oeuvre pour donner l’illusion d’une pénurie en achetant 15 à 30 kilos de pâtes, 48-60 rouleau de papier toilette, 10-15 kilos de riz… Ceux là n’en n’ont rien à faire des autres et seuls leurs petites personnes compte. Après on nous parlera de penser collectif, de solidarité… L’histoire est un éternel recommencement.

    1. oui si tt le monde est rationnel c’est ok. mais c’est un peu le problème du bank run. Si il y a une frange de gens qui stockent outre mesure ils déstabilisent l’équilibre globale et petit à petit les gens raisonnables se disent que malgré leur principes ils risquent d’être le dindons de la farce. Donc petit à petit de plus en plus de personnes stock un peu plus…si on veut vraiment contrôler il faut rationner (de façon national et pas local sur certains magasins). bonjour le message anxiogène, mais au point où on en est c’est peut être la solution. le prochain message d’une allocution

    2. ne blâmons pas tt le monde. Cette situation n’est pas rationnel, il est alors difficile de demander de réagir de façon rationnel à tt le monde. Nous devons imposer aux gens des contraintes tout simplement car nous n’avons pas l’habitude de réagir dans cette situation. ce sera plus facile pour la prochaine pandémie et on prendra vite tous conscience de la situation. peut être certains garderons un stock de sécurité pendant de nombreux mois après la fin de cet épisode….

  4. Chez nous, famille de trois, c’est deux fois plus de repas sur 7 jours. Certainement un peu plus de papier toilette également. Multiplié par quelques millions de foyers et conjugué à la fermeture de la restauration hors foyer c’est normal que ça se tende.

  5. Il faudra bien sûr continuer à faire de la pédagogie, des trous vont persister. Les industriels et la logistique vont se concentrer sur l’approvisionnement des références essentielles. Barilla a par exemple indiqué qu’il arrêtait la production de pâtes “complexes” (ex farfalles) pour maximiser les quantités produits de pâtes “simples” (coquillettes, spaghettis).

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