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Changement d'échelle pour "C'est qui le patron"

CQLP

C’est qui le patron va changer d’échelle. L’initiative  – dont je suis administrateur, donc guère objectif, mais pas moins que sur #BalanceTonOrigine – va s’ouvrir aux industriels qui le souhaitent. Point de départ de la réflexion : la Ferme France, dont le renouvellement des générations n’est pas assuré. De fait, faut une extraordinaire abnégation pour s’installer agriculteur aujourd’hui. Autant dire qu’après avoir perdu des parts de marché en raison d’une trop faible compétitivité, la France agricole risque aujourd’hui de voir s’éroder durablement sa capacité même à produire. La seule voie possible est la revalorisation financière du métier. Bien sûr, certaines filières s’en sortent mieux que d’autres. Mais derrière la moyenne dont il serait tentant de se satisfaire, trop de situations individuelles insoutenables. C’est l’origine même de C’est qui le patron en 2016. Depuis, le succès est incontestable. Actuellement, par exemple, la Laiterie de Saint-Denis de l’Hôtel, qui embouteille le lait, en expédie 1,5 million de litres par semaine. Soit un rythme annuel proche de 80 millions de litres. Enorme et… trop faible à la fois. Bien sûr, de nombreuses autres initiatives existent. Faire France par exemple (initiée encore avant CQLP), Les Laitiers Responsables de Sodiaal, Merci d’Intermarché, Engagé de Leclerc, etc. Mais l’ensemble ne pèse encore qu’une dizaine de pourcents du marché. Même diagnostic sur tous les marchés sur lesquels opère C’est qui le patron. 

Pour résumer les débats interne (parce que CQLP est une coopérative) en une “accroche”, l’idée est de proposer beaucoup plus de produits pour engager beaucoup plus de consommateurs à soutenir beaucoup plus d’agriculteurs. Comment ? Pour comprendre le principe : “Intel Inside”. OK, c’est ambitieux, mais c’est l’idée. Des brioches pourront être élaborées avec des œufs respectant le cahier des charges CQLP (à commencer évidemment par la rémunération de l’aviculteur), des desserts avec le lait, des plats cuisinés avec le bœuf, etc. L’industriel pourrait alors le revendiquer on-pack et donner ainsi une valeur supplémentaire à son produit et donc à l’ingrédient équitable. Une forme de… “ruissellement” vers le producteur (tel que voulu via les EGA) mais initié ET contrôlé par les consommateurs. Et parce que soutenir la capacité à produire de la Ferme France est un élément fondamental de la souveraineté alimentaire (au moins autant que d’empêcher Couche-Tard d’avaler Carrefour !), j’imagine mal que les politiques ne se penchent pas avec bienveillance sur la démarche. Voire encouragent publiquement les industriels et les enseignes à monter à bord du train qui s’élance. Les uns en utilisant ces nouveaux ingrédients, les autres en acceptant publiquement le principe d’une revalorisation transparente des tarifs dès lors qu’une marque s’engage. Comme pour #BalanceTonOrigine, une bonne occasion de se compter. Et de voir, au-delà du miel insupportable des beaux discours en tribunes,  qui soutient vraiment la Ferme France…

5 commentaires

  1. Excellente initiative, mais n’oubliez pas que le succès de CQLP ne doit pas être réduit à un seul achat “militant” des consommateurs pour le revenu des producteurs.
    Pour ma part, j’achète les produits CQLP pour le côté “marque des consommateurs” où l’on peut contribuer à l’élaboration des recettes, s’assurer d’une transparence totale sur l’origine et l’élaboration du produit. Et bien sûr la maîtrise du prix et des revenus agricoles.
    Alors que pour les autres produits équitables, le seul argument du revenu pour les producteurs n’est peut être pas suffisant pour faire un acte d’achat.
    C’est tout cet ensemble, qui fait le succès CQLP et donc les volumes générant des revenus permettant un avenir aux agriculteurs.

  2. c’est un peu le Max Havelaard Français quoi!
    sauf qu’au lieu de soutenir un producteur de café ou de cacao c’est notre agriculteur du coin.
    Comme le dit Simon je pense que CQLP a plus à jouer et à apporter une caution que juste des produits bien rémunérés (mais ce serait déjà un grand pas). Et il vaut mieux un premier petit pas que rien du tout car je pense que bcp d’agriculteurs on besoin ne serait ce que de ce petit pas.
    Le jeu ça reste de savoir qui va oser sauter le pas en premier !

  3. Je pense que CQLP devrait faire attention aux prix de vente de certains de ses produits qui sont trop loin de la réalité du marché .
    Exemple : le beurre doux où demi sel proposé à 2.90 euros les 250 gr ce qui le met dans les plus chers de sa catégorie . Résultat , il est actuellement bradé avec 1.00 de remise pour écouler les stocks !!!!!!!!!!!!!

  4. Pour le beurre j’ai la chance de pouvoir l’acheter directement à la ferme en direct du fermier et je l’achète 3€50 les 500g soit 7€/kg.
    Mon fermier ne me fait pas de prix et vis très bien de son métier en vente directe.
    J’ai donc effectivement du mal a comprendre certains prix laitier de CQLP.
    Et pour info entre le beurre de mon fermier et le beurre CQLP, le gout est incomparable

  5. En tant que consommateur fidèle des beurres bio CQLP, je dois nuancer le propos de Denis car n’ayant pas de ferme à proximité de chez moi (j’habite en ville) je suis très content de trouver de bons beurres bio avec une qualité constante tout au long de l’année et qui rémunèrent les éleveurs à un juste prix pour leur lait.
    Ce qui est un objectif partagé avec Denis au final ;o)

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