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Faute de pouvoir se payer Grand Frais, Carrefour doit faire émerger un concurrent

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C’est un papier de L’Agefi qui a mis le feu aux poudres hier matin : Carrefour réfléchirait à déposer une offre sur Grand Frais (ou, pour être tout à fait précis sur Prosol, l’animateur de l’enseigne et le principal contributeur via l’activité fruits et légumes). L’intention a été sacrément modérée depuis par les fameux “proches du dossier”. Il n’empêche, l’intérêt prêté à Carrefour rappelle à quel point Grand Frais, symbole de la nouvelle distribution (plus spécialisée, plus légitime, plus en phase avec l’époque, etc.), intéresse toutes les enseignes de l’ancienne distribution !

Bien sûr, Carrefour, comme les autres, aimerait posséder Grand Frais. Mais Grand Frais a deux défauts : d’abord, son organisation un brin compliquée (les magasins sont des GIE et Prosol a contracté avec des partenaires pour compléter son offre sur la boucherie et sur l’épicerie) mais surtout son prix. Au bas mot 3 milliards. Un prix qui est probablement rédhibitoire pour tous les distributeurs, chacun étant englué dans le désendettement, la relance ou le cost-killing (rayer la mention inutile). Imaginez… A ce niveau de valorisation, Grand Frais vaudrait donc un quart de Carrefour pour l’équivalent de 5 % de chiffre d’affaires. Bien sûr, Grand Frais est très rentable et les taux d’intérêt bas (ce qui participe aussi à de hautes valorisations) mais la dernière surenchère, à la fin des “négos” risque de faire mal. Trop mal. 

Pour autant, Carrefour doit regarder de plus près ce marché qui illustre précisément l’évolution actuelle de la consommation, caractérisée par une fragmentation dont profitent les circuits spécialisés car perçus comme plus légitimes par les clients. Sur ce marché, hors Grand Frais, aucun acteur ne pèse significativement. Et aucun n’a probablement le potentiel pour ambitionner d’être une alternative nationale. Carrefour peut être celui qui participe à l’organisation du marché, en suivant exactement la même voie que sur le bio. D’abord en reprenant un acteur modeste (c’était So Bio sur le bio avec sa poignée de points de vente), ensuite en y agrégeant d’autres acquisitions. Tout pousse à ce schéma : les acteurs de multifrais sont nombreux, locaux et certains sont prêts à céder aux sirènes d’un repreneur, histoire de réaliser leur actif. Et, pour le coup, cette histoire-là, Carrefour a les moyens de l’écrire. Et sans doute même le devoir de l’écrire pour éviter d’être, lentement mais sûrement, victime de la fragmentation de la consommation. Comme tous les “généralistes”. 

 

20 commentaires

  1. Je ne comprend pas l’engouement des consommateurs pour Grand Frais . Prix élevés sur les fruits et légumes , fromages et produits laitiers, charcuterie et traiteur LS.
    Empreinte écologique déplorable et notamment le poisson emballé individuellement sous plastique épais etc Dans le magasin où je vais?, d’ailleurs très peu , seul le rayon boucherie traditionnel est intéressant.

  2. Gamme différente de la GMS traditionnelle , longueur, largeur et profondeur de gamme.
    Le poisson est certe sous skin pack mais ils proposent de très beaux produits.
    La boucherie est top avec un très beau concept.
    En conclusion de très beaux rayons artisans, métiers de bouche.
    Je signale que je bosse pour un concurrent mais il faut être honnête parfois

  3. Il n y a pas que le prix, toutes les semaines j achete mes produits frais chez Grand frais, et pourtant je travaille à Auchan. Les prix sont plus chers mais la qualité est là, quand je fais les courses pour la semaine (surtout en fruits et légumes ) rien ne pourri dans le frigo , ni est à jeter. Je roule pas sur l or, mais c est un choix de conscience. Je préfère mettre plus cher et avoir des produits sains. D autant plus que je prepare tout moi même, ayant 30 ans de restauration. Pas question d acheter pizzas, lasagnes et autres plats tout fait. Chacun est libre de faire c est choix, le mien : éviter de nourrir gracement les actionnaires et autres requins de la grande distribution. Grandfrais (comme marie balchere) c est une ethique, un savoir vivre avant tout.

    1. Travailler pour une enseigne tout en la dénigrant de l’autre. Commençons par soutenir l’enseigne qui nous emplois. Je pense que c’est la base. Le jour où Auchan réduira sa masse salariale vous y repenserez peut-être! L’esprit d’entreprise n’existe plus. Et c’est bien dommage.

      1. non mais ça va le réac! ne pas soutenir une enseigne dont la plupart des choix sont mauvais n’est pas une honte.
        et Alex ne dénigre pas son employeur. vous devez travailler pour eux ou avoir au moins 70 ans pour penser de la sorte. je vous plains

    2. Grand frais ne travaille pas les produits bio ni les produits locaux. Pourtant au vue des analyses c’est ce que les clients recherchent aujourd’hui. De plus la qualité de ses produits en fruits et légumes est directement liée à son mode de conservation. En effet les magasins sont tempérés à une température très basse qui évite les chocs thermiques et donc l’évolution des produits. Contrairement à la plupart des étalages en grande distribution qui sont à température ambiante. Cependant grand frais joue trop sur son côté qualité et le répercute fortement sur ses prix. Achetez une mangue un ananas ou un chou vendus au kilo et non à la pièce et vous risquez d’être effaré en voyant le ticket de caisse.

  4. Belle enseigne. Un choix de produits frais très intéressant. Le poisson est juste parfait et surtout avec cet emballage. Le choix et la qualité des fruits et légumes est très bon, en tout cas bien meilleur que celui de la GD.
    Les boucheries sont inégales et peuvent même décevoir quelques fois par la fraicheur limite de certaines références. Ici, on n’a la volonté de ne rien jeter. Les implantations ont fait beaucoup de progrès. L’épicerie reste le point faible avec un choix restreint tout en étant très spécialisé mais avec une tarification trop élevée.

    1. Regarder bien la provenance des fruits et légumes. J’ai retrouvé exactement les mêmes fournisseurs à Carrefour et Leclerc. De plus, aucun fruits et légumes bio, ni de producteurs locaux… donc je continue à aller au marché où je trouve producteurs bio et locaux.

  5. Je n’ai jamais rien trouvé d’exceptionnel chez “Grand Frais” (ex “Carré des Halles”) à côté de mon ex domicile de Lomme, pourtant situé à l’orée du MIN, pour tout ce qui est “produits frais” , en ce qui me concerne , rien ne vaut les Halles de Lille Wazemmes (mais pas le dimanche) et ses commerces de “bouche” aux alentours, la qualité a un prix et elle se paie, je n’ai pas les moyens d’acheter “bon marché” .

  6. Le personnel qui a perdu la confiance de l’enseigne qui les emploie, je pense que c’est aussi le problème des groupes de distribution! Auchan en l’occurrence, mais aussi Carrefour ou Casino… A force de restructuration, réorganisation, plan d’économie ou concept magasins ou commerciaux a la con, le personnel géré comme du consommable finit par faire le minimum… ne plus faire ses courses dans le magasin qui vous emploie ca en dit long sur la confiance en son enseigne! ca devrait aussi et surtout interpeler les distributeurs …

  7. “A ce niveau de valorisation, Grand Frais vaudrait donc un quart de Carrefour” erreur, la valeur de l entreprise inclut la dette

  8. Il y a un concurrent pourtant, le Marché Frais, qui travaille avec Géant et Leader Price qui pourrait venir titiller le leadership de grand frais s’il se développait un peu plus vite.

  9. Il y a encore mieux… Le marché, ça fait bosser les producteurs en direct, c’est moins cher et la qualité est meilleure. Ou allez chez le boucher, primeur, poissonnier en bas de la rue, pareil ça fait bosser les petits indépendants, le soutien aux petits commerçants ! Grand frais reste un requin de la grande distribution

    1. Je suis bien d’accord avec vous. Le marché du coin est vraiment meilleur et pas plus cher si on regarde la perte qu’il n’y a pas car les produits n’ont pas transité par de multiples frigos de grossistes ou transporteurs.

  10. Vos commentaires sont toujours fort à propos Olivier, j’espère que les dirigeants des grandes enseignes et leurs administrateurs vous lisent car vous donnez des pistes d’amélioration non seulement opérationnelles mais aussi stratégiques… Inspirant !
    Concernant Grand Frais je n’aurais pas dit “faute de pouvoir se payer… ” cela dit, car au prix où cette entreprise est valorisée (3 milliards pour le frais + 1 milliard pour l’épicerie, pour qui voudrait la détenir en totalité), je souhaite bon courage à n’importe quel acheteur pour qu’il rentre dans ses frais. Car le risque serait que le financier prime rapidement sur le commerçant, comme on a pu le voir chez Casino avec les conséquences que l’on sait.
    Bref mieux vaut pour ses salariés et actionnaires que Carrefour ne donne pas suite.

  11. Mettre des bras et des heures travaillées sur les métiers de bouche est la chose que grand frais a compris et sur lesquelles la GMS a desinvesti .
    En GMS il n’y a plus personne pour s’occuper du produit, des clients. On peut toujours taper sur le fournisseur ou la centrale mais la réalité se déroule en rayon!
    Le même produit frais acheté par une GMS centrale et un GF ou lidl… ce n’est pas du tout le même prix ardoise! Le même prix partout chez les 2 derniers. Parole de Prod qui livre les 3.
    Les modèles économiques changent :
    Grand frais , lidl, action…. alors que la GMS fonctionne avec des budgets de 30 ans en arrière ou on vit PGC / on achète PGC / un budget PGC … les hommes en moins .

  12. Je vais de temps en temps à grand frais mais pour un ou plusieurs produits précis. Les produits ne sont pas 100% bio comme j’ai pu l’entendre ici ou là et ce sont souvent les mêmes fournisseurs que la GD classique sur les fruits et légumes et dans les rayons frais (le jambon Herta est le même que chez inter, u, Auchan, Leclerc etc…). Au niveau des prix c’est parfois intéressant mais pas assez à mon avis. Le concept est agréable et comme d’autres la boucherie est pas mal même si j’ai acheté du poulet néerlandais sans le savoir la dernière fois que j’y ai été.
    En gros, je trouve le concept assez original et les gammes plutôt bien travaillées mais c’est un complément de la GD classique, rien de plus.

  13. vous ne citez pas le “Cours des Halles”, marque Auchan. Je fréquente les deux. Plus de local au cours des halles. Peu de poisson, mais local quand il y en a. La boucherie de grand frais est hors de prix pour une charolaise standard. Par contre pour les deux : des fruits et légumes à maturité. Des fruits à coque en distribution libre. J’ai grand frais des offres de la mer intéressantes et de bonne qualité. Les deux enseignes ont des rayons fromage de qualité, je préfère toutefois le cours des Halles parce que c’est à la coupe. Moins d’emballage… J’ai quitté les grandes surfaces classiques au profit de ces enseignes car j’aime les fruits et légumes et que je n’ai pas de marché de plein vent producteurs à proximité. On s’adapte à son territoire !
    Carrefour peut jouer cette carte, son logo joue en sa défaveur. Voilà pourquoi Auchan se cache derrière le Cours des Halles non ? 😉

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