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Monoprix sous-traitant d’Amazon, c’est parti !

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LES FAITS.        Monoprix a ouvert l’un de ses “dark stores” parisiens à une journaliste du Monde. Fier de partager une organisation au cordeau pour répondre aux commandes qui seront ensuite livrées par Amazon. Mais révélant au passage quelle est désormais sa réelle position par rapport au géant américain de l’e-commerce : sous-traitant. 

Les économistes évoquent (savamment) un double phénomène de désintermédiation / réintermédiation. Dans le langage plus courant, c’est l’ubérisation : un nouvel acteur (généralement digital native) utilise les capacités existantes d’un vieil acteur pour proposer un service enrichi aux consommateurs. A l’un la relation-client, à l’autre la possession et l’exploitation des actifs.  Les années passent et deux évidences finissent généralement par s’imposer : l’un est… le sous-traitant de l’autre ; et, aux yeux des consommateurs, le commerçant (celui auquel ils s’adressent et… payent) est bien celui qui ne possèdent pas ou peu d’actif commercial. Voilà comment Uber est bien perçu comme une compagnie de taxis, sans réellement posséder de véhicules. Voilà comment Amazon (et d’autres) peuvent escompter devenir des supermarchés en ligne… sans supermaché. Encore faut-il… un sous-traitant. Ce que Monoprix a donc accepté. 

Amazon / Monoprix : L’un a le client, l’autre la capacité à préparer. C’est… déséquilibré 

Bien sûr, chez Monoprix, cette vision d’une relation inféodée sera contestée, probablement de bonne foi d’ailleurs (c’est-à-dire avec la conviction sincère que telle n’est pas la bonne grille de lecture). Depuis l’origine – c’était en 2018 – Monoprix présente l’accord avec le géant américain comme équilibré. En réalité, il ne peut l’être. Dès lors que l’un prend la relation client à l’autre, se produit un déséquilibre. Pire : un transfert de valeur. “Tenir” le client, c’est tenir le maillon ultime, le Saint Graal du commerce. Alors que… “détenir” un magasin, fût-il “dark store” brillamment imaginé, c’est être… substituable par tant d’autres. Répondant au Monde, Fernando Tomarchio, M. E-commerce de Monoprix ne dit pas autre chose : “Ce ne sont pas nos clients, ce sont ceux d’Amazon”. Et quand bien même il y a dans “la quasi-totalité des commandes un produit Monoprix”, le client est bien celui d’Amazon. Or, dans l’économie contemporaine (marquée par un déséquilibre structurel entre l’offre et la demande si l’on accepte d’analyser les capacités de chacun), les clients sont rares. Donc chers. C’est la raison pour laquelle Instacart (le “livreur” des enseignes alimentaires aux États-Unis) vaut… 40 milliards de dollars. Car il détient des clients, pas de magasins. Donneur d’ordres. Pas sous-traitant.

Olivier Dauvers

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12 commentaires

  1. Et si Amazon rachetait Monoprix ???
    Il ne serait plus question de savoir à qui sont les clients.

    1. Et pourquoi Amazon irait-il investir de l’argent alors que, comme le dit justement Olivier, Monoprix est tout à fait substituable ? Amazon a suffisamment à faire avec les contraintes du droit du travail en France dans ses propres entrepôts non-alimentaires (cf la fermeture de ces-derniers en avril dernier imposées par la justice).
      Au contraire, le meilleur moyen pour Amazon de s’assurer que les coûts de preparation des commandes restent bas, c’est de faire jouer la concurrence entre sous-traitants et de faire comprendre à Monoprix qu’il est un partenaire… substituable.

  2. Curieux de voir l’évolution de carrière de Tormachio et de la com’ qui a géré ça. J’en connais un qui, soit l’a envoyé au front, soit va lui en vouloir d’avoir trop parlé. Et quand Lui être fâché…

    1. D’un autre côté, Ferdinand ne dit que l’évidence. Et la réalité juridique de la chose : le client “appartient” à la marketplace.

  3. Et Casino laisse faire ?
    Cdiscount (groupe Casino) se présente comme le “e-commerce” français. Sous entendu par rapport à Amazon. Ça paraît une évidence.
    Il n’y a donc pas une politique de groupe ?

    1. Cdiscount va faire un partenariat avec Leclerc.
      Amazon+Monoprix pour les bobos et les urbains
      CDISCOUNT+Leclerc pour la province

  4. toujours critiquer Monoprix. En attendant ils ont l’exclusivité avec Amazon maintenant, et je pense qu’Amazon va investir dans ces dark store.
    A quand un article sur la probable alliance Leclerc – CDiscount? Avez-vous vu le message Linkedin de MEL ?

  5. En tout cas, ça rend la chose difficile sinon impossible pour un troisième acteur d’arriver sur le marché et il est vraisemblable que si les livraisons Monop n’ont pas de concurrence .. je ne sais pas qui tient qui par la barbichette

    1. ne pas oublier que Monoprix a l’exclusivité OCADO sur la France… Pourquoi pas utiliser la techno ocado pour livrer les clients Amazon via Monoprix?

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