
En matière de e-commerce alimentaire, il y a donc le drive et la livraison à domicile, façon Picnic, Houra, Carrefour, U ou Intermarché par exemple. Entre les deux “mondes”, un univers jusque là mal périmétré et que je chiffre pour la première fois : la livraison collaborative ou co-transportage.
Pour faire simple : le blablacar des courses alimentaires. Deux acteurs principaux : l’historique Shopopop et le plus récent Tut Tut (Yper est désormais marginalisé en termes de volume transporté). Le principe : des automobilistes qui transportent et livrent des courses qui ne sont pas les leurs. Ils peuvent profiter de leur trajet habituel ou organiser un trajet en fonction. Le tout dans une optique de complément de revenu (généralement bloqué à quelques centaines d’euros par les plateformes pour s’épargner autant que possible le procès en travail dissimulé !). A date, plusieurs milliers de magasins proposent cette solution sur leur interface drive. Avantage : un coût plus faible pour les clients (généralement de 8 à 10 €, alors que le coût de revient d’une “vraie” LAD dépasse 15 €). Ce qui, mécaniquement, suffit à booster les volumes. Exemple ici à Leclerc Drive Auxerre : 1 200 commandes livrées en mode collaboratif tous les mois, sur les 20 000 préparées par l’entrepôt.
Shopopop et Tut Tut organisent aujourd’hui à eux deux 550 000 livraisons mensuelles. Pour l’essentiel, il s’agit d’achats via les drives des enseignes alimentaires et des paniers XXL. Ensemble, ils transportent près de 70 millions d’euros de marchandises par mois. Soit un rythme annuel supérieur désormais à 800 millions d’euros. Non négligeable donc ! Et à rajouter au gros milliard d’euros de la livraison alimentaire “classique”.




Dans l’absolu, une arnaque dissimulée.
Prenons Carrefour, par exemple, qui propose la livraison via Shopopop (sans préciser le nom de la plateforme, d’ailleurs), voire l’impose – c’est le cas de mon hyper, qui est passé du 100% “vraie LAD” au 100% collaboratif du jour au lendemain à la faveur d’une mise en location-gérance. A priori, puisque le coût est moindre, le client devrait en bénéficier en partie… Que nenni ! Les frais de livraison n’ont pas bougé d’un centime. De même, les engagements Carrefour (respect de la chaîne du froid, dépôt de vos courses jusqu’au 6e étage) n’ont apparemment pas changé dans les conditions générales. Pourtant, vos produits frais et surgelés sont bel et bien transportés dans le coffre ou sur les sièges d’une voiture de particulier, à température ambiante ; de même, le “livreur” vous appelle pour vous demander de descendre à sa voiture afin de récupérer vos sacs (en même temps, il faudra m’expliquer comment un couple de 70 ans monte vos 200€ d’achats au 4e sans ascenseur).
Bref, un super dossier pour vous, Olivier, et peut-être pour la DGCCRF.