Shein, énième opposition entre “France d’en haut” et “France d’en bas”

La série “Shein” ne manque décidément pas de piquant. Moins de deux heures après l’ouverture de l’enseigne chinoise au cœur du BHV et sur la foi d’un nouveau signalement (lié à la présence d’armes sur la plateforme cette fois / après les poupées sexuelles enfantines), le Premier Ministre Sébastien Lecornu a annoncé la suspension de la plateforme, probablement en coupant les accès via les fournisseurs internet.

Voilà de quoi réjouir cette “France d’en haut” qui, depuis des semaines, conteste à Shein le droit de vendre en France. Dans cette “France d’en haut” : les (autres) commerçants, les fédérations professionnelles, les politiques, les commentateurs. Avec, en guise d’arguments, la non-conformité d’une partie de l’offre (argument totalement entendable), des produits interdits (davantage entendable encore !), des suspicions sur le mode de production et, plus globalement, une forme de morale.

Dans le même temps, la “France d’en bas”, elle, est cliente. Pas moins de 25 millions de Français. Une paille… Autant de clients attirés par les prix Shein, qu’il s’agisse de nécessité ou d’opportunisme.

A court terme, avec cette suspension, la “France d’en haut” a donc gagné une manche. A court terme seulement car il ne s’agit que d’une suspension. Et quand bien même elle durerait (la suspension), il faudra bien distinguer Shein du “modèle Shein”. Shein peut bien disparaître, le modèle perdurera. Parce que le “direct to consumer” mis en place par les “Chinois” a une vertu appréciée de la “France d’en bas” : vendre moins cher en court-circuitant les intermédiaires qui étaient auparavant indispensables entre les usines et les clients et qui désormais ne le sont plus autant.

“France d’en haut” / “France d’en bas”, l’antagonisme n’est pas nouveau. Déjà, dans les années 1960, avec l’avènement de la grande distribution…