
Imaginez un marché en (très forte) croissance volumes ET valeur… Ce marché existe, c’est l’œuf. Et parce que j’adore le temps long pour donner sa robustesse à l’analyse (les lecteurs de VIGIE GRANDE CONSO en savent quelque chose !), voici donc 10 ans de consommation d’œufs. Depuis 2015, les Français ne cessent d’acheter toujours plus d’œufs. Malgré les ruptures en rayon, le cap des 150 œufs par personne en moyenne devrait être franchi cette année. C’est près de 30 % de plus en 10 ans. Peu de marchés présentent un tel bilan.
Dans le même temps, les achats se sont incroyablement valorisés. Le segment des “cages” (l’élevage que l’on appelle encore parfois “en batterie”) se marginalise année après année. Il pèse désormais moins d’un œuf sur six, essentiellement sous l’impulsion des enseignes qui en ont fait un “combat” au nom du bien-être animal. Un combat que les clients ont donc suivi. Désormais, la (grande) majorité des œufs achetés sont issus de poules élevées en plein air : 57 %, dont près de 11 % en version bio selon Worldpanel. Point commun aux œufs “sol / plein air / bio” : ils sont de 20 à 100 % plus cher que les historiques “cage”.
Reste une question : par quel phénomène les clients ont-ils suivi une telle valorisation, alors qu’on ne cesse de chroniquer les tensions sur la consommation ? Par pitié pour les poules ?, par intérêt gustatif (on peut en discuter…) ?, par conscience environnementale ? etc. Sans doute un peu de tout, mais c’est pas l’essentiel. La principale explication est ailleurs : le prix facial d’un œuf est bas, son prix relatif (comparé aux alternatives viande/poisson) aussi. Et l’inflation sur un prix faible est toujours plus acceptable car l’effort supplémentaire est en réalité modique.



