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Carrefour : malheur à l’absent, honneur à l’impétrant

CarrefourRésultatsCe matin à Boulogne c’était… Grand Oral pour Lars Olofsson et le top management du groupe. L’occasion de présenter les résultats semestriels. Décevants (- 9,5 % pour l’EBITDA et – 22 % pour le résultat opérationnel courant), mais là n’est pas le sujet principal du jour. Pour LO, il s’agissait de lancer le chantier « Reset » en France. Au sens littéral du terme : réinitialiser la machine Carrefour ! Car, manifestement, la machine est toujours grippée. Et comme pour justifier d’une « nouvelle feuille de route » (c’est sans doute le mot qui aura été le plus utilisé ce matin), le bilan de la précédente équipe emmenée par James Mc Cann (l’ancien patron France, évidemment absent avoir été remercié au printemps) a été passé à la paille de fer ! Je vous laisse lire, c’est du Lars Olofsson dans le texte. « Les résultats ne sont pas satisfaisants. On essayé de faire trop, trop vite ».  Argument facile mais pourquoi pas… Plus loin : « Le management de France a surchargé les équipes de travail. Ce qui a été amplifié par la décision de sur-centraliser l’organisation». Je sais pas si James Mc Cann lira ces lignes mais le voilà habillé pour l’hiver ! Je repasse la parole à LO : « Tout ceci est arrivé en même temps que s’est intensifiée la concurrence de prix […]. Nous avons concentré nos efforts sur la promotion au détriment de notre compétitivité-prix. Ca a impacté notre profitabilité mais sans dynamiser nos ventes. Les vieux réflexes sont revenus », glissé LO. Ce que je comprends comme : on a augmenté nos prix fonds de rayon. D’ailleurs à la question que je lui pose sur la responsabilité partagée (entre Mc Cann et lui) de la hausse des prix au 1er mars,  LO assume du bout des lèvres et renvoie encore une fois sur Mc Cann. « C’est une responsabilité qui incombe au management de chacun des pays ». D’ailleurs, comme pour tourner définitivement la page, LO aura cette réponse cinglante en fin de conférence de presse : «  Il y a eu, oui, une erreur de casting et j’ai tiré les conséquences de cette erreur ».

Et la conséquence, c’est donc la nomination de Noël Prioux qui, lui, a eu toutes les attentions du boss. Noël par ci, Noël par là, l’impétrant a été à l’honneur. Et a posé lui aussi son diagnostic, style direct et formules à l’emporte-pièce à l’appui. Son « On peut pas mener une guerre si on est pas préparé à la gagner » résume bien le fond de sa pensée sur l’état dans lequel il estime avoir trouvé la maison Carrefour France. Le reste était à l’avenant : « On peut pas tout centraliser. C’est juste impossible […]. Si vous connaissez quelqu’un qui peut prendre des décisions pour le million de clients qui nous fréquentent tous les jours, présentez-le moi je l’embauche ». En clair, Carrefour veut redonner du pouvoir aux magasins. Enième revirement dans l’histoire zig-zagante du management chez Carrefour ! Sur le non-al, qui souffre toujours ? Pas de problème visiblement : « Sur le non-food, le plan d’action est prêt […]. Il faut arrêter d’en parler, faut le faire ! […] On va prendre les décisions, le bras ne va pas trembler ». Sur le prix ? « Depuis septembre (comprendre 2010), on a joué trop le court terme vs le moyen terme et le long terme. On s’est dépositionné en prix ». L’une des explications : l’importance des moyens alloués à la fidélité qui a rendu impossible l’investissement dans le tarifaire. Et, là, la sentence tombe : « Je connais pas de clients qui partent d’un magasin parce que vous n’avez pas la carte. Par contre j’en connais qui partent parce que vous n’avez pas les bons prix ». Style direct… Reste que le plus dur commence pour Noël Prioux : passer du bilan à l’action, puis aux résultats. Comme annoncé ici lundi, une première vague de prix a été opérée dans le courant de l’été. Trop tôt pour en voir l’effet. Mais Carrefour veut continuer en réduisant la voilure sur les promos. Sur les ruptures (autre point noir actuel), le chantier est simplement monumental… Carrefour a ainsi annoncé des chiffres hallucinants que je n’osais pas même imaginer : 7 % en alimentaire, 18 % en non-alimentaire. Ce qui, là encore, participait à l’opération Chargeons la barque de Mc Cann ! Malheur à l’absent, honneur à l’impétrant vous disais-je…

9 commentaires

  1. Bon discours de Noel Prioux on sent qu’il a de l’experience dans la maison, avec ce style directe et cette vision du commerce dont carrefour à besoin il peut redonner confiance au staff.
    Je comprend pas, la persistance de Carrefour dans le NMO sachant que cela n’a rien apporté de bon dans les hypers en test.

  2. J’ai trouvé Noël Prioux excellent, sans être un spécialiste de la question. Il a l’air passionné, de connaître les magasins, d’aimer l’enseigne. Je suis sûr qu’on pourrait lui poser des questions très précises sur les magasins et qu’il saurait y répondre sans difficulté.
    Quel virage de vouloir redonner du pouvoir aux équipes de terrain ! La déclaration de LO qui ne veut plus donner une priorité absolue aux parts de marché (la traduction était peut-être mauvaise….) ne vous a pas surpris ?
    Dernière surprise agréable : la reconquête des mètres carrés, si j’ai bien compris, pour les supermarchés notamment. Il était temps…

  3. Par contre 18% de ruptures en non-al c’est possible ? Je n’ai rien constaté de tel dans les plusieurs hypers que je fréquente sur ces rayons (par contre c’était HALLUCINANT sur l’alimentaire, à Reims Tinqueux par exemple !).

  4. Concernant les PDM, j’ai pris le message de LO comme suivant : la PDM n’est pas le seul outil pour mesurer la performance de Crf…

  5. c’est effectivement facile de charger celui est parti.
    Nous e saurons bien entedu jamais la part de responsabilité réelle de chacun et cela au final peu d importance.
    C’est le chef qui est responsable, toujours, parce que justement c’est le chef.
    J’ai de plus e plus l impression que LO c’est du vent…
    Il ne va plus souffler longtemps. A la prochaine intempérie il est est débarqué par le CA.
    et partira avec sa retraite chapeau
    Jean

  6. Depuis des années fait du “ça s’en va et ca revient”.
    Autrement dit on revolutionne TOUT et puis on revient comme c’etait avant… On reprend les basiques…
    Pour les prix il y a longtemps que Carrefour n’avait fait le coup de l’augmentation puis de la baisse des prix “spectaculaires”…
    Carrefour ou l’Eternel Recommencement ? !

  7. Moi personnellement je vais régulièrement dans le (tout) petit hyper Carrefour de Saint-Lô et les ruptures dans l’alim sont là aussi impressionnantes…
    D’ailleurs, il n’est pas rare de rencontrer des clients qui ronchonnent pour cela dans les rayons…

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