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Prix agricoles : à ceux qui parlent (trop) souvent sans savoir…

IntermarchéTomates-BDRetour sur la note de jeudi sur le prix du Made in France, exemple du prix de la tomate à l’appui : 3,99 €/kg pour de la “grappe française”(pour relire la note, c’est ici). Sans surprise, de nombreux commentaires, ici, sur twitter ou en direct dans ma boîte mail, ont d’abord voulu voir dans ce prix élevé l’effet de la gourmandise légendaire des enseignes “sur le dos des pauvres producteurs“. Evidemment, des commentaires toujours nourris par une vision manichéenne de la relation commerciale : le bon est ici, le mauvais là (je vous fais pas de dessin quand même pour comprendre). Alors, à ceux qui parlent (trop) souvent savoir, je reproduis le commentaire de “Julien A.” qui a le mérite de parler “en sachant” et d’être, de fait, plus équilibré dans son jugement.

Capture d’écran 2014-03-09 à 09.35.38Je suis producteur/expéditeur de fruit et je peux vous dire que le plus gros problème, comme le souligne l’article, est le coût de production. Cette tomate est vendu aux centrales d’achats environ 2.50 eur.
Ajoutez à cela, la marge de la centrale, le transport, la TVA et la perte en magasin : On peut dire que le magasin se rémunère correctement, mais il n’y a pas d’abus.
Pour ce qui revient au producteur, c’est une autre histoire: la coopérative et le conditionneur prennent leur marge (ce qui est normal ; on ne travaille pas pour rien !!!). Au final, le producteur touche très peu en comparaison du prix magasin. Mais il ne faut pas oublier que chaque maillon de la chaîne est super-taxé, contrairement à nos voisins européens !

Que ce témoignage puisse aider ceux qui accepteront de réfléchir au sujet sans oeillère de le faire ! L’objectif n’étant évidemment pas de dédouanner les enseignes (comme tout maillon économique, elles ont leurs travers…) mais de ne pas leur faire toujours porter toute la misère agricole.

6 commentaires

  1. Voila qui a le mérite d’être clair … Bravo Olivier ! Moi qui suis distributeur et travaillant quotidiennement et abondamment avec mes voisins producteurs de Seine et Marne, je trouve que cet article ouvre et ferme la parenthèse à lui seul.

  2. Ben oui la petite tomate elle a pas roulé gaiement toute seule depuis sa serre natale jusqu’au rayon où elle a sauté avec ses copines, il a bien fallu toute une chaine pour l’aider à faire le voyage… Et vous avez raison tous ces gens qui ont bossé entre les 2 ont généreusement alimenté les cotisations sociales, les taxes sur carburants et les TVA (sur le produit et sur les services)… Sans oublier parfois les contributions volontaires obligatoires (c’est de l’humour ou du cynisme?). Mais pour faire des tomates en hiver en France il faut forcément chauffer la serre un peu plus qu’en Espagne ou au Maroc. Heureusement qu’elle est meilleure et plus saine, la petite tomate de chez nous, pour que les gens l’achètent plus cher.

  3. @IAN
    “heureusement qu’elle est meilleure et plus saine” Cela veut il dire que les tomates d’espagne et du maroc sont bourrées de pesticides? Vivant en Espagne je peux te dire que NON les tomates n’ont guere de produits chimiques! La seule et grosse difference et que historiquement Franco avait fait construire et reseau d’eau tellement important que 40 ans apres, l’Espagne peut se permettre d’arroser a tout va! Et comme tu le souligne…. le climat fait le reste dans la maturation du produit. ….. Reste le prix! Et la j’admets que quand la France dispose d’1 controleur pour 250H, l’Espagne dispose de 1 controleur fi pour 2000H (qui plus est facilement perversible). Donc rien n’est declaré et la certaine taxes coté Espagnole n’apparaissent plus dans le prix.

  4. Merci d’avoir relayer mon message Olivier ! J’espère que le message sera bien passer auprès de tout le monde.
    Je travaille avec la grande distribution depuis 4 ans et je dois dire que je suis parti avec beaucoup de préjugés qui ne se sont pas vraiment confirmés.
    La GMS absorbent tellement de quantité, qu’il y a parfois plusieurs intermédiaires entre le producteur et l’acheteur de centrale. Ces intermédiaires commerciaux (qui ne font que passer des coups de téléphones) profitent de leurs positions. Au final, ils rémunèrent mal le producteur et vendent aux centrales à des prix correct.
    Mais de façon plus générale, le problème est avant tout la FISCALITÉ de notre pays. Par exemple, je produis de la pêche et je suis en compétition avec l’Espagne. Pour nous, il est impossible de rivaliser. La saison dernière, nous vendions de la pêche à 1.30 aux centrales (qui jouaient le jeu du “local”) mais face à nous, nous avions des produits équivalent qui arrivaient en centrale à 0.80 franco de port!!! J’espère que les politiques ce rendront compte un jour du suicide annoncer de l’agriculture française.

  5. à Benja… oui c’était une petite provoc juste pour dire que pour vendre un produit identique beaucoup plus cher, faut bien avoir quelques arguments… et du point de vue du client il y a une forte attente du côté du goût et du côté santé, pas sûr que les producteurs français ont le projet de faire mieux que leurs voisins sur ces sujets, c’est pourtant une condition de survie, l’achat local solidaire suffira t-il à long terme? Quel que soit la responsabilité des distributeurs c’est toujours le consommateur qui décide au final.

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