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Auchan-Carrefour : deux/trois petits problèmes à régler (euphémisme)

LES FAITS. Nouvel épisode de la série Auchan-Carrefour. Les Mulliez auraient donc (ou seraient sur le point de) réuni les milliards nécessaires pour une offre “full cash”, grâce à l’aide de divers fonds d’investissement. En l’état, rien de confirmé. Mais les fuites (peut-être organisées pour tester les politiques ?) sont trop précises pour être totalement infondées. 

La Casa de Mulliez ! Mieux qu’une série Netflix (ou presque)… A la fin de l’été, le premier épisode laissait à penser que Carrefour avait des vues sur Auchan. Premier rebondissement : c’était donc… l’inverse ! Quelques semaines plus tard, second volet de la série. Auchan se dévoile : 21,50 € par action Carrefour, 30 % réglé en titres de la maison. Refus du courtisé qui n’a que faire de “papier” de la Casa de Mulliez et veut… du cash. Troisième opus à présent : les poches remplies des milliards de fonds d’investissement (cette finance honnie par le patriarche mais passons…), les Mulliez reviendraient à la charge : 23,50 € et totalement en numéraire, ce qui rencontrerait donc les exigences des actionnaires de Carrefour et notamment les Moulin. Fin (possible) de la saison 1. 

Le plus difficile commence

Si elle se confirme, la saison 2 sera autrement plus difficile à écrire. Et deux ou trois petits problèmes resteront à régler avant d’esquisser l’idée qu’une telle fusion puisse être, pourquoi pas, un succès (notez l’approche toute mesurée !).
L’acceptation politique en est un. Souvent le premier dans les commentaires, en raison des échéances électorales. En réalité, c’est probablement le plus facile à surmonter. La matière politique est très malléable. Une promesse bien léchée (par exemple aucune suppression d’emplois pendant deux ans) et les ministres regarderont ailleurs. Cynique, peut-être. Mais tellement réaliste. 
L’Autorité de la Concurrence pourrait aussi être un obstacle. Pas sur la taille du nouveau groupe (30 % de parts de marché n’a finalement rien d’excessif) mais sur des situations locales. Prenez Bordeaux. 3 hypers Carrefour, 3 hypers Auchan, une poignée de kilomètres entre chacun. Sans compter les supers et la proximité.

Dans les esprits, qui aurait vraiment le lead de la fusion ?

Mais le vrai problème sera ailleurs : dans la mise en œuvre concrète de la fusion, particulièrement en France. Dans le symbole, déjà. C’est le plus faible des deux qui avale le… moins faible. Gloups. C’est le plus petit qui avale le plus gros.  Re-gloups. En la circonstance, le passé est instructif. Prenez la fusion Carrefour-Promodès… Des années pour aligner les forces vives. Les Carrefouriens était sûrs d’eux : c’est bien Carrefour qui avait repris Promodès. Chez Promodès, justement, on était tout aussi sûr : les Halley (fondateurs de Continent et Champion) étaient désormais les premiers actionnaires. A eux le pouvoir. Deux clans qui se disputent le manche : parfait pour une série Netflix. Beaucoup moins pour la vie des affaires. 
Parce que ce genre de scénario est vu et revu, bataille à prévoir sur tous les sujets. Les organigrammes bien sûr (mais c’est un détail) et tous les volets métier : le marketing d’enseigne par exemple (bon courage pour choisir, parce qu’il faudra bien choisir) ou évidemment… la logistique. Déjà qu’aucun des deux groupes n’arrive à la cheville de Leclerc sur l’organisation et le coût logistique, imaginez le mélange des deux. Un mélange façon huile et eau…
D’ailleurs, même les actionnaires de Carrefour doutent. Exiger du fric pour sortir complètement de l’affaire nouvellement créée dit beaucoup. Qu’ils y voient plus une usine à gaz qu’une machine à cash ? Sans doute. 

Olivier Dauvers

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10 commentaires

  1. Faudrait déjà qu’auchan arrive à rentabiliser ses propres magasins au lieu de bouffer les autres et les plomber

  2. Faute d’atteindre ses 15% de PDM avec l’enseigne dont il a hérité de papy, il avalera celles des autres ?
    Mouais…

  3. si jamais ca se faisait, la fusion serait compliquée tant les modes de fonctionnements sont différents; un centralisé /un décentralisé, des modes de management trés différents; des process tout à fait différent……. une remise en question des équipes auchan s imposerait ……. une pagaille sociale annoncée…..

  4. Avec les Halley ou les Defforey, ils auraient jamais vendu Carrefour à Auchan avec des mulliez complètement à côté de la plaque en ne redressant pas commercialement les enseignes mais en faisant de la finance en mettant que des caisses automatiques en hyper
    Avec Georges Plassat, il aurait déjà dit non catégoriquement à cette fusion sans queue ni tête.
    Ils vont tuer Carrefour comme lors de la fusion avec Promodes qui a tous les arguments pour s’opposer à cette fusion à croire que la nouvelle génération des Mulliez ne connaissant pas toutes les difficultés liés à cette fusion (en hyper, en pricing, en pol comm, en actionnariat etc…)

    1. Les difficultés sont vraiment aggravés par la mort accidentelle de Paul Louis Halley fin 2003… et aussi par le départ de Daniel Bernard début 2005 qui a été même approuvé par Denis Defforey dans une interview dans Points de Vente en 2005 !
      En même pas 10 ans, toutes les familles ont quitté Carrefour en ne redressant pas l’enseigne…
      Les seuls qui vont en profiter s’appellent Leclerc, U et Intermarché en reprenant pleins de magasins notamment des Carrefour Market ou Proxi qui sont 5X plus nombreux que des Auchan
      Les Mulliez vont tuer le modèle de gestion intégré des HM/SM déjà que CRF les fait passer en franchise massivement

  5. Je ne comprend pas l’intérêt d’une telle fusion synonyme de casse sociale et de transfert de magasins
    à d’autres enseignes car de nombreux seront en doublon comme chez moi où dans un rayon de 2 km,
    j’ai 2 C. Market et 2 Auchan Supermarché.
    J’espère que Bercy va s’opposer au titre de la sécurité alimentaire à cette opération qui fera entrer des
    fonds de pension étrangers dont le seul but est de faire du fric à très courte échéance.
    Un rapprochement entre Carrefour et Cora/Match/Truffaut dont les implantations sont complémentaires
    serait très certainement plus judicieux.

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