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Négociations commerciales : carton jaune du gouvernement

La fin des négos c’est dans un mois. Autant dire que le “money time” approche. Le moment où l’arbitre a décidé de sortir un carton jaune, à l’issue d’une réunion du comité de suivi des relations commerciales que le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a lui-même qualifiée de “tendue” dans un débrief avec quelques journalistes. “Certains ne jouent pas le jeu, ne respectent pas la règle, ne respectent pas la loi“, a-t-il asséné d’un ton assez rare qui valait avertissement. Concrètement, un trop petit nombre de contrats ont été signés comparées aux années précédentes. Ce qui justifie à ses yeux de monter au filet… “J’assume de mettre une très très très très très très très forte pression dans le tube“, a insisté le ministre de l’Agriculture allant, l’air de rien, au-delà de son seul champ ministériel pour tancer les enseignes. “Que certains utilisent les pénalités logistiques comme un élément de rémunération est tout simplement scandaleux“, explique même encore plus précisément Julien Denormandie.

Dès vendredi soir dans l’Aube, lors d’une table ronde organisée par le député Grégory Besson Moreau (le porteur de la loi Égalim2), j’avais senti le “ministre-arbitre” prêt à brandir le carton jaune. Le voici donc sorti très officiellement. En triple off (en clair des propos que l’on ne peut attribuer à personne ;-)), voilà quelques jours que, dans les couloirs ministériels, on s’étrangle du comportement des enseignes. Certes, officiellement, la prise en compte des matières premières agricoles (MPA) est reconnue dans l’ensemble. Mais nombre d’acheteurs déplacent le champs de la négo hors MPA, bloquant littéralement des hausses objectives sur d’autres coûts (transport, énergie, emballages). “La loi n’a pas été écrite en imaginant une inflation générale, reconnaît un conseiller ministériel, donc en sanctuarisant la matière première, on a involontairement déplacé le champ de la négociation. Mais il est inimaginable que les distributeurs n’admettent pas la réalité de cette inflation“. Seule solution, officiellement formulée hier soir à l’issue du Comité de suivi des relations commerciales : saisir davantage le médiateur. Ce qui revient à faire constater par un tiers l’instransigeance des enseignes.

Second grief : une imagination encore plus débordante que d’ordinaire pour récupérer des bugets par tous les moyens. Et se refaire (indirectement) la cerise. Les pénalités logistiques évoquées par Julien Denormandie n’étant qu’un exemple parmi les remontées du terrain. De fait, pour avoir échangé avec nombre de fournisseurs ces derniers jours, la frontière qui sépare (en théorie) la négociation d’un gentil racket est ténue. Des remontées qui sont trop nombreuses et trop circonstanciées pour n’être que fantasme. Et qui, le cas échéant, pourraient desservir la cause des enseignes trop gourmandes si les ministres concernés, remontés comme rarement, y mettaient leur nez pour en faire un élément de pression publique. Ce qui, vu leur niveau d’agacement perceptible hier, ne peut être écarté. Le principe même d’un “carton jaune”… : le jeu continue mais les joueurs sont prévenus !

7 commentaires

  1. cher Olivier pourquoi ne pas parler de la profusion de messages diffusés dans les magasins depuis 2 jours, accusant tel ou tel fournisseur de vouloir imposer des tarif sans les négocier alors même que les matiere agricoles sont en hausse jamais vues ?????????? POURQUOI ? encore du côté des distributeurs ????????

    1. Pas le sentiment d’être très du côté des distributeurs avec ce post…

      De toute façon, le seul côté qui m’intéresse est celui de mon avis. Peu importe où qu’il soit 😉

      1. Effectivement, étant moi même distributeur, je trouve Olivier pas vraiment de notre côté sur ce coup. Puis si on veut parler des marges de tout le monde alors parlons également des marges des agriculteurs (pas tous c’est certains) qui “se gavent” parfois et qui profitent d’une main d’œuvre pas chère et corvéable à souhait venue du Maghreb ou de l’Amérique du Sud. Ces mêmes agriculteurs qui exigent qu’on ne vende que des produits français alors que la plupart d’entre eux n’embauche aucun salarié français…

        A bon entendeur!

  2. Casser l’Omerta qui entoure les négociations commerciales est un vrai dilemme pour une majorité d’industriels : le rapport risques/bénéfices est rarement favorable à long terme.

  3. Il serait si simple d’être transparent sur les marges des indus comme de la GD et point barre. Les lois sans cesse rajoutées les unes aux autres sont de plus en plus compliquées à comprendre et à faire appliquer.
    La gd s’est gavé dans les années 2000 c’est une certitude mais aujourd’hui ce n’est plus le cas et le 1ct de différence en bas de ligne fait maintenant une très grosse différence. Sur cette loi egalim 2, c’est les industriels qui en profitent et non l’inverse.
    Et les mêmes donneurs de leçons viendront se plaindre plus tard de l’explosion des prix…. Oui car au final c’est toujours le même qui paie l’addition : le con somateur!

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