À la une

Transition environnementale de l’agri-agro : Bloquer l’horloge (tant que c’est encore possible !)

[ extrait de la publication jeudi des travaux du Think Tank Agroalimentaire Les Échos ]

Est-il minuit moins cinq minutes ? Ou minuit moins une minute ? Dans tous les cas, l’heure est… grave. Impossible aujourd’hui de nier l’ampleur du réchauffement climatique ni l’urgence de décisions structurantes, possiblement radicales pour espérer… bloquer l’horloge à temps. Les scientifiques – notamment ceux réunis au sein du GIEC – ont tiré le signal d’alarme il y a déjà bien longtemps. Mais autant les politiques, les entreprises que les citoyens, les uns par manque de courage, les autres par l’inertie confortable des comportements individuels, regardaient ailleurs.


L’horloge n’a cessé de tourner, se rapprochant inéluctablement du point de non-retour. Au fil des ans et des « événements climatiques », la conscience environnementale a néanmoins heureusement progressé. Pas suffisamment pour bloquer l’horloge certes, mais assez pour accepter le débat. C’est précisément pour l’alimenter que le ThinkTank Agroalimentaire Les Échos (que je dirige depuis 8 ans) a placé ses travaux 2022 dans le cadre de cette transition environnementale qui s’impose à tous, en acceptant un regard (éventuellement) dérangeant sur les pratiques de chacun, de la terre à l’assiette, de l’agriculteur au consommateur.


Pour autant, mettre la filière alimentaire à l’heure de la transition environnementale ne peut s’envisager en renonçant à l’ambition agricole et agroalimentaire de la France, à la fois en matière de souveraineté et de capacités d’exportation. Il en va du poids géopolitique de la France et de sa capacité à stabiliser des géographies immédiates (le bassin méditerranéen) pour lesquelles toute forme d’insécurité alimentaire aurait des conséquences négatives jusque dans l’Hexagone.


Comment envisager cette transition environnementale ? En acceptant naturellement sa complexité, sa dimension totalement multifactorielle. Mais aussi (et même s’il y a paradoxe apparent !) en hiérarchisant les batailles pour les rendre plus compréhensibles du citoyen ordinaire, celui sans lequel rien ne pourra se faire. Voilà pourquoi placer la décarbonation au rang de « mère des batailles » n’est ni une facilité ni un égarement, mais une stratégie assumée. Bien sûr, au-delà du carbone, le sujet est celui des gaz à effets de serre. Bien sûr, au-delà des gaz à effets de serre, c’est l’enjeu environnemental dans toutes ses dimensions : biodiversité, préservation des écosystèmes, gestion raisonnée des ressources, etc. Bref, la capacité à transmettre aux générations futures un environnement viable, vivable.


Mettre le projecteur sur le carbone n’est ni coupable ni ignorant. C’est prendre le pari qu’en resserrant la complexité du sujet à un élément (loin d’être minime au demeurant !), l’espoir de « faire bouger les lignes » est plus grand. La perspective de « bloquer l’horloge » une hypothèse plausible.


L’agriculture et l’alimentation sont à la fois partie du problème ET des solutions. C’est le sens des 20 recommandations des travaux du ThinkTank Agroalimentaire. Certaines ont l’ambition d’influer sur l’offre (la production), d’autres de modifier la demande (la consommation). Toutes servent une même cause : bloquer l’horloge tant qu’il en est encore temps. C’est à la fois un espoir et une responsabilité. Car personne ne peut ignorer que minuit se rapproche.

Olivier Dauvers

Pour participer à la 8e restitution des travaux du Think Tank Agroalimentaire (jeudi matin au siège des Échos, Bd de Grenelle à Paris), rien de plus simple. Un p’tit mail ici (et je m’en occupe)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page