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Forcément, il faut s’interroger sur la communication de Casino…

Voilà des années que, comme d’autres (journalistes, analystes), je suis “confronté” à la communication institutionnelle de Casino. Des années que j’entends la même rengaine : “Ça va aller mieux demain ; d’ailleurs, regardez, ça repart !” Des années que j’observe un extraordinaire décalage entre les promesses de la veille et la réalité du lendemain. Bref, des années de story-telling pour dessiner un autre avenir que celui qui s’écrit sous les yeux de celui (et je le revendique évidemment) qui fait l’effort de sillonner la France commerciale pour juger sur pièces. Notamment l’état du parc.

Dernier épisode en date de ce iatus entre communication et réalité : l’incroyable décalage entre l’entretien accordé à mes confrères de LSA par la DG Magali Daubinet-Salen et l’emballement de la vente par appartement de Casino intervenue dans les jours qui ont suivi. Le 23 novembre, je lis donc “Nos enseignes Casino repartent à la conquête des clients. […]. Les résultats sont encourageants […]. Dans les supermarchés, 70 % du parc affichent un trafic positif […]. Depuis mi-septembre, les volumes repartent à la hausse en supermarchés, de 5 % environ, dans un marché en baisse“. Et comme je n’ai aucune raison d’en douter, en creux, je comprends que ça va mieux. Et que la perspective d’un écroulement de Casino s’éloigne.

Quatre jours plus tard, Les Échos révèlent que “Casino pourrait sacrifier ses derniers hypers/supers“. Probablement un conditionnel de prudence de la part de Philippe Bertrand (le journaliste des Échos). Mais le conditionnel ne dure que quelques heures, le temps que Casino officialise la mise en vente d’hypers et de supers (et visiblement pas une poignée seulement). Et preuve qu’il y a urgence, la remise des copies est fixée deux jours plus tard.

Une nouvelle fois, la communication de Casino interroge. Comme elle interroge depuis des années au point que certains actionnaires rincés (l’action a perdu 95 % en un an) tentent actuellement de grouper leurs récriminations pour une action en justice. A dire vrai, je ne sais quelles suites judiciaires ils peuvent espérer. En revanche, je suis certain qu’il est légitime de s’interroger sur la communication de Casino. Les 10 derniers jours l’ont encore démontré.

19 commentaires

  1. Et sans oublier l’interview lunaire de JCN il y a quelques mois, comme quoi tout allait être sauvé, emplois mags siège etc. Un exercice d’auto satisfecit terrible complètement delusionel
    (après les actionnaires peuvent aussi se renseigner un minimum par eux mêmes plutôt que de s’abreuver de la com de casino… Les Pdm kantar jamais o grand jamais évoquées lors des AG par exemple !)

    1. Légitime de s’interroger sur la communication de Casino ? Certes mais avant tout il est légitime de s’interroger sur la démarche commerciale et de gestion.
      Casino ne vaut plus rien en bourse (0,56 euro l’action à l’instant, je l’ai connue à plus de 110 euros !!!).
      Casino avant JCN c’était du commerce et des commerçants à la tête de l’entreprise, Antoine Guichard, Georges Plassat, Christian Couvreux. A l’époque dans les couloirs du siège on entendait parler de produits, d’assortiments, de promotions, d’achats et surtout, surtout des clients et de leurs attentes et comportements d’achat.
      A partir de l’arrivée de JCN on a commencé à ne plus entendre parler de tout ça mais par contre on entendait compte d’exploitation, Ebitda, ah l’Ebitda, une religion.
      Résultat ? En quinze ans, un groupe centenaire va mourir, ruiné par des prétendus financiers! La bonne blague!
      Moralité si un jour votre boîte est rachetée par des financiers ou des fonds de pension, fuyez !

      1. Exactement ce que j’ai connu lorsque j’ai été embauché en 1990 et parti en 2003.
        J’ai connu les deux périodes et du jour au lendemain je passais mon temps à remplir des tableaux au lieu de faire du commerce !
        Dommage c’était un bel outil …

    2. Les actionnaires ont encaissé de bons div pendant des années. Et, psychologiquement, se débarrasser d’une action en perte avant qu’elle perde plus est très difficile…

  2. Enfin Olivier, vous êtes bien trop fin connaisseur du jeu de communication des grands acteurs pour en croire le moindre mot.

  3. Ca continue de communiquer comme avant mais Kretinsky a les vrais chiffres (?). En tous cas, il prend les decisions qui s’imposent, surement bien guidé par Mochet.

  4. C’est un mal malheureusement très répandu (au moins en Europe de l’Ouest et USA, le reste je ne peux pas dire !) aussi bien dans les domaines politiques et économiques. Un fossé qui ne fait que se creuser entre le réel et le récit.

  5. Au delà de la communication financière, il y’a un pb d’aveuglement… car OK on planque la réalité des chiffres dans des effets de périmètres, qui semestre après semestre illustrent les pertes de CA par des effets calendaires, météo, COVID (négatives), post COVID (négatives aussi); impact loyers; transferts magasins de branche, en franchise puis reprise… Juste avant la présentation des comptes, on essaye d’expliquer l’inexplicable en trouvant des relances commerciales a la petite semaine financées par des promos chères payées … Et comme les ficelles étaient usées à la corde ca finissait par se voir vraiment beaucoup.
    Mais les analystes, les créanciers et les actionnaires n’ont pas fait leur boulot: JCN et sa clique avaient des “quitus de bonne gestion” en AG hallucinant (98%) pour une boite en perdition sur le plan opérationnel… On achète la vista stratégique (qui était certes intéressante) mais on détourne le regard sur les ratios basiques d’évolution de CA long terme, CA au m², du nombre de panier, de panier moyen, de PDM, d’image prix… Et des petites visites terrains laissaient effectivement entrevoir des magasins a l’abandon total, sans personnel et sans clients!!!
    Pas une surprise quoi…. maintenant Casino est à terre.
    Les actionnaires historiques ont perdu la partie, le personnel en magasin qui a déjà beaucoup été impacté par cette déconfiture ne pourra que mieux se porter car les repreneurs sauront relancer l’activité sur le terrain… Le management du siège lui sera a coup sûr touché , mais il aura finalement accompagné la chute du groupe en accompagnant la mauvaise gestion de l’entreprise, donc pas si choquant… il pourra se recycler chez Carrefour qui semble employer les même grosses ficelles…

    1. Où est la communication financière ?
      J’ai travaillé comme analyste financier, et je n’ai jamais trouvé de chiffres clairs sur Casino.
      Le problème est donc à un haut niveau, puisque les autorités de contrôle n’osent pas demander à Casino des données comptables sérieuses, alors qu’elles le font pour presque toutes les autres sociétés.

    2. Tout à fait d’accord avec la dernière phrase de ce post. Carrefour est en train de prendre le même chemin : paupérisation des magasins, achat de parts de marché (Cora), passage en franchise en sacrifiant le long terme au court terme. AB : “Take the money and run”

      1. Exact
        Take the money and run en en faisant profiter les potes…oudea casse toi de là…

        Selon mes infos le nouveau plan social a un corollaire déjà vécu dans les deux précédents

        Ce sont les meilleurs ou les plus anciens qui partent ce qui signifie une sacrée perte de savoir faire

        C’est la période
        Ça sent le sapin
        Mais AB va se tirer avec les boules
        Et c’est bien connu
        À quoi sert le cochonnet si t as pas les boules..

  6. On peut rappeler que lors de l’assemblée générale des actionnaires de 2022 de Casino Jean-Charles Naouri avait demandé et obtenu un doublement de son salaire
    Et pourtant, en 2022, cela allait déjà mal
    Dans quelques années, la descente aux enfers de Casino sera peut-être étudiée comme un cas d’école de ce qu’il ne faut pas faire dans les universités de gestion ou les grandes écoles de commerce

  7. casino, un bateau fantôme sans capitaine ….
    Quand les directeurs opérationnels descendaient en magasin faire leur visite et qu’au passage, on nous disait : tout va bien, on souffre mais la concurrence aussi, on s’en sort mieux, blabla mon c** oui, personne y croyait dans l’encadrement …les décisions incompréhensibles, sans moyen pour les réalisés, mais faut faire quand même, pour que le directeur fasse une photo et la remonter au siège ou sur workplace, très important ça, les marges pipotés et catastrophiques !! ces gens ont oublié le sens du commerce ! la sélection naturel en fin de compte ….quel gâchis !!!

  8. moi y a qu’une seule question qui me taraude, il a prit combien le taulier depuis qu’il a reprit casino ?

    de combien sa fortune a augmenté ? ou plutot quelle etait le montant de sa fortune perso lors de l’acquisition et a combien elle se monte aujourd’hui meme si il a du en mettre un paquet de coté, là ou personne ne trouvera le pognon.

    autre question comment apres ca pouvoir imaginer que certains des ces cadres haut placés comme cette dame par ex vont pouvoir retrouver un taff super bien remunere alors qu’ils ont ete nul de chez nul ?
    Ha oui le copinage, ce qui ronge la france et les travailleurs de tout en bas jusque tout en haut.

  9. Je le répète encore mais quelle tristesse de voir ce groupe qui était 15 ans en arrière une vitrine du commerce à la française avec ses petits casino dans les villages, ses supers dans les villes moyennes et les hypers dans les agglomérations tout en ayant des petits casino et SPAR à chaque coin de rue. Aujourd’hui tout ça disparaît, balayé par un financier qui a vu sur le court terme et non comme ses prédécesseurs, le long terme car le commerce c’est comme ça que ça fonctionne, on savait que casino était plus cher que les autres mais on était sûrs des produits en mdd, on trouvait des pépites introuvables ailleurs, bref, le cas JCN devrait être pris en exemple pour expliquer aux penseurs des grands groupes comme Drahi par exemple que tout peut s’écrouler du jour au lendemain à cause d’une gestion trop tournée sur l’ebitda.

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