
Dernière ligne droite pour la cession de Colruyt en France. C’est normalement demain que devrait être annoncé (ou a minima choisi) l’heureux élu. A date, selon les informations (documentées) de La Lettre, ne restent en finale que Leclerc et Intermarché pour, à chaque fois des reprises partielles. Il y a en effet 101 petits supermarchés, trois entrepôts et une activité BtoB à reprendre. Toujours selon La Lettre, Coopérative U avait aussi déposé une offre mais n’a pas été retenue en short list.
Au final, la mariée n’est pas si belle, ce qui a sans doute expliqué la prudence des U. Sur l’activité retail, il y a certes 700 M€ de chiffre d’affaires à récupérer mais bon nombre d’obstacles. D’abord, les pertes quasi structurelles : entre 30 et 35 millions “cramés” tous les ans. En proportion c’est beaucoup, et ça indique surtout que le coût de la reprise doit intégrer les pertes à venir car on ne “retourne” pas en un an un réseau qui perd 5 % de son chiffre… Second obstacle : la taille des magasins. En moyenne 1 000 m2 seulement. C’est évidemment peu pour une proposition commerciale digne d’un véritable supermarché d’attraction. C’est ce qui explique que Leclerc comme Intermarché aient fait des offres sélectives (pour trois quarts du réseau seulement). Enfin, dernier sujet, le niveau d’investissement à venir : selon mes informations, aucun des repreneurs n’envisagent en effet de conserver la spécificité de Colruyt : la zone frais façon chambre froide. Un concept que les Belges acceptent (parce qu’ils nés avec) mais moins les Français. Donc travaux à prévoir (et les coûts qui vont avec).
Pour autant, Colruyt est, à horizon visible, la dernière opération un peu structurante du retail français. 100 magasins d’un bloc ne reviendront pas sur le marché de sitôt. D’où l’intérêt suscité auprès des trois groupements d’indépendants. Et, ce, pour deux raisons. En premier lieu, chacun dans son couloir dispose d’une proposition de valeur supérieure aux intégrés (les rendements commerciaux en attestent). Ensuite, ils ont besoin de proposer des perspectives à leurs entrepreneurs, par principe, toujours soucieux de développement.
Des 3 candidats, c’est néanmoins Coopérative U qui aurait le plus intérêt à “faire l’opération”. C’est le plus petit des trois et donc l’occasion unique de revenir (un peu) dans le match. “Mais pas à n’importe quel prix“, dit-on chez U où la prudence est une marque de fabrique. Reste un souvenir amer : il y a deux ans, en finale contre Leclerc pour la reprise des Cora/Match luxembourgeois, les U se seraient faits littéralement grillés dans le “money time” au sens premier du terme. Chez Leclerc, c’est ce qu’on racontait peu après avoir gagné le match avec un dernier coup de collier à plus de 20 millions. Les U leur rendront-ils à présent la pareille (et la monnaie de la pièce) ? Réponse (normalement) demain !