
À ceux qui auraient des problèmes d’insomnie, je recommande chaudement la lecture des 500 pages du rapport de l’Observatoire des prix et des marges (OFPM), dévoilé ce matin. Ne me remerciez pas… Ce qu’il faut en retenir pour 2024 ? À vrai dire, pas grand-chose paradoxalement. Parce que les 33 “filières” que suit au fil de l’eau l’Observatoire racontent chacune leur histoire propre, souvent divergentes entre elles.
Mais – et c’est l’OFPM qui le dit – seule est vraiment pertinente une lecture sur le temps long pour comprendre l’évolution des équilibres depuis 2021 et l’envolée spectaculaire de l’inflation. En substance, la séquence 2021-2022 a été très favorable à l’amont agricole alors que l’aval – transformation et distribution – a fait le gros dos (en clair pris sur ses marges). A contrario, le tassement des prix des matières premières en 2023-2024 a été plus favorable à l’aval (qui s’est un peu “refait la cerise”). Classique, me direz-vous.

S’il ne fallait retenir qu’un seul graphique ce serait donc celui-ci, qui réunit l’évolution de la matière première agricole, les évolutions de marge brute au stade de la transformation et de la distribution de 2021 à 2024. Que raconte-t-il pour faire bref ? Que les prix finaux des 19 produits étudiés ont tous augmenté. Sans surprise. Que dans 13 cas sur 19 la part de la matière première agricole dans le prix a augmenté. Que dans 12 cas sur 19 la part de la marge brute de la transformation aussi a augmenté. Et, a contrario, que celle de la marge brute de la distribution (les 7 enseignes majeures hors Lidl et Aldi) a, au global, baissé pour… 18 des 19 produits étudiés.
Loin de moi l’idée de faire pleurer dans les chaumières. Mais c’est un fait, le retail a joué le rôle d’amortisseur de l’inflation que les consommateurs attendaient de lui. Quitte à y mettre de sa poche. Ce qui ne veut pas dire que les autres maillons de la chaîne alimentaire sortent plus riches de la séquence. Car tous ont subi l’envolée de l’énergie et du coût du travail. D’ailleurs, à la question de l’impact (ou non) des lois Egalim sur l’évolution du partage de la valeur ajoutée, la présidente Sophie Devienne a répondu avec une franchise presque déconcertante : “Dans un contexte aussi mouvementé, il est impossible de tirer des conclusions“. Chacun y verra donc ce qui l’arrange… On est bien avancé !