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TRIBUNE GRANDE CONSO : Plaidoyer pour une notation sociétale

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LES FAITS. Le patriotisme alimentaire gagne du terrain. Les consommateurs reconnaissent privilégier, lorsqu’ils le peuvent (notamment en termes économiques), les produits made in France. Encore faut-il que cette information leur soit facilement accessible…  Ce qui n’est pas le cas.

C‘est l’histoire de pots de yaourt (ou de spécialité laitière au bifidus pour les puristes), voisins de gondoles, mais à la valeur sociétale fort différente…  Des pots plus que ressemblants, signés d’une même marque, Activia, et tous deux cautionnés du nom de l’un des fleurons de l’industrie alimentaire française, Danone. La ressemblance s’arrête là. L’un sort d’une usine française (Villecomtal sur Arros, dans le Gers) et Danone garantit l’origine française du lait. L’autre a traversé le Rhin depuis l’usine de Gossmanndorf, non loin de Wurtzbourg en Allemagne et ne garantit aucune origine pour la matière première. Ce qui laisse à penser que, compétitivité oblige, le lait est allemand. Rien qui ne suggère une qualité différente, certes. Mais la valeur sociétale des deux produits, elle, est réellement différente. 

Le consommateur est l’acteur économique ultime de la chaîne alimentaire

Dans l’exemple, impossible pour le client d’appréhender aisément la valeur sociétale de chacun des produits, sauf, bien sûr, à décoder le code-emballeur. Ce dont aucun ou presque n’est capable. Résultat : en choisissant la version Activia céréales, le client français soutiendra de facto l’industrie et l’agriculture allemandes. En… l’ignorant. Naturellement, le point n’est pas de dénier à Danone de produire ici (en France) et là (ailleurs). Pas davantage d’imaginer telle ou telle barrière intra-européenne. Non, bien sûr ! Mais bien d’accorder au consommateur la fonction qu’il se doit d’exercer ET en toute connaissance de cause : acteur économique ultime de la chaîne alimentaire. Par la nature de ses achats, il soutient (ou met en péril) les filières agricoles françaises, au moins autant que les maillons intermédiaires, industriels et commerçants.  Accepter le statu-quo équivaut à non assistance à agriculteurs en danger. Élevée au rang de cause nationale par les États Généraux de l’Alimentation, la ferme France mérite toutes les audaces. La transparence sur l’origine des matières premières ? Encore trop partielle car la visibilité de l’origine n’est pas organisée (or c’est précisément lorsque le lait, la viande ou les céréales sont importées que le client doit le savoir pour l’intégrer comme un élément de valeur). Les adversaires ont les arguments rôdés : un indicateur de plus (après le NutriScore), difficile à mettre en place, réducteur, etc. Arguments tous audibles. Mais moins que le malheur agricole.

Olivier Dauvers

Pour télécharger TRIBUNE GRANDE CONSO, c’est ici >> 

Un commentaire

  1. En amont des cons ommateurs il y a aussi la responsabilité des maires et des politiques en général. Maires qui en général n’ont rien à redire à l’installation d’un LIDL sur leurs territoires. Un Maire, il me semble, est plus en devoir d’être informé que le consommateur final (qui n’a pas forcément le choix de l’enseigne).
    Et sans parler des politiques à un échelon supérieur votant des taxes sur des m2 de magasins mais donnant des subventions à une entreprise américaine ne payant pas d’impôts en France. Voire pire, lorsqu’un ancien ministre fait du “made in france” sa marque de fabrique et fait le contraire en réalité…

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