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Rapport Besson-Moreau : parce qu'il faut savoir se mouiller…

GBM

Publication ce matin des propositions du député Grégory Besson-Moreau, rapporteur de la Commission d’enquête parlementaire sur la grande distribition. 41 propositions que vous pouvez découvrir in extenso ici et sur lesquelles – comme il faut savoir se mouiller – j’ai envie de me… mouiller. Autant le dire, je m’attendais à nettement moins intéressant et plus déséquilibré. Bon, je passe sur la proposition n°1, trop anti-Leclerc pour être sérieuse (en gros : obliger les groupements d’indépendants à publier non seulement leurs chiffres d’affaires mais également leurs résultats consolidés). Je passe aussi sur l’extension des règles prix/promo de l’alimentaire au DPH (un peu téléphoné quand même). Pour le reste, je retiens 4 propositions qui me semblent, plus que d’autre dignes d’intérêt. En premier lieu, la proposition numéro 3, un “gel des surfaces” qui ne dit pas son nom. Depuis des années, j’explique à qui veut l’entendre – et notamment lors de mon topo d’introduction de l’Atelier 5 des EGA – que la cause de la guerre des prix et de la promo (qui va bien au-delà de l’alimentaire) réside dans le déséquilibre croissant entre l’offre commerciale (les surfaces) et la demande (les euros dépensés dans la consommation). La conséquence ? La baisse moyenne des rendements. La conséquence de la conséquence ? L’agressivité des acteurs, car c’est encore le meilleur moyen de sauver la première ligne des “comptes d’ex”, en clair le chiffre. En bonne logique, pour mettre fin à un phénomène, il faut s’attaquer à ses causes. Donc oui à un gel des surfaces pour apaiser la tension commerciale. Et tant pis si pareille position doit heurter ou surprendre (rayer la mention inutile). Cela dit, j’imagine d’ici l’effervescence à venir pour déposer des dossiers d’agrandissement dans la crainte que le rapport Besson-Moreau se transforme en loi Besson-Moreau. Le risque étant alors de produire l’effet inverse. Mais c’est le jeu.

Pour le reste, j’achète aussi la proposition n°9 pour aider à la révision des accords commerciaux. Deux phénomènes sont aujourd’hui incontestables : d’un côté, la volatilité des matières premières ; de l’autre, la propension naturelle des acheteurs à d’abord refuser toute renégociation à la hausse, à tout le moins de ne pas être le premier à les accepter. Donc faute de bonnes pratiques sur le sujet, le législateur est fondé à s’y intéresser… Tout comme “LE” sujet qui a animé nombre d’auditions : les pénalités. Il est là aussi incontestable qu’elles sont devenues un élément de la rentabilité des enseignes. Un dévoiement de leur principe. Encore une fois, quand les acteurs sont “à côté de la plaque”, comment reprocher à la puissance publique de s’y intéresser ? Plusieurs propositions évoquent les pénalités dont celle qui vise à interdire un taux de service contractuellement supérieur à 97 %. Reste que j’attendais presque plus du député Besson-Moreau : proposer que le fournisseur puisse pénaliser l’enseigne lorsque les ruptures sont de son fait :-)))

Autre proposition, et c’était plus que prévisible même si très difficile à mettre en œuvre, Grégory Besson Moreau suggère une barémisation des services. “Tant au niveau national qu’international“, précise le député. Au niveau international, aucun problème. Les auditions ont montré des situations ubuesques (les pseudos rendez-vous catégoriel) sur lesquels même les acteurs s’empatouillaient pour justifier le début d’une somme. Au niveau national, je suis plus partagé. Car la non barémisation permet un éventuel traitement différencié, au bénéfice des PME. 

Enfin, la dernière proposition, numéro 41. Sur le fond, une proposition… hors sujet ! La Commission s’était donnée comme objectif de s’intéresser aux “pratiques de la grande distribution” et numéro 41 vise à empêcher la revendication française d’un produit dont la matière première ne le serait pas. Ce qui n’est évidemment pas un sujet en lien avec les “pratiques de la grande distribution” mais bien davantage un sujet industriel (les MDD sont moins hypocrites sur le point que les MN !). Reste que je me démène tellement par ailleurs sur le sujet (#BalancetonOrigine !) qu’évidemment j’approuve et applaudis des deux mains ! 

4 commentaires

  1. Olivier,
    La proposition numéro 3 n’est elle pas également hors sujets? Il n’y a pas d’intervention d’une relation distributeur-industriel dans la politique d’agrandissement des magasins. De plus sauf erreur de ma part, pour avoir visionné une majorité des auditions, cela n’a pas été abordé.

    1. Le fait de geler les surfaces permettrait de retrouver un niveau de Renta plus “correct” pour le distributeur et donc trouver un autre levier que la pression fournisseurs. Et lorsque je regarde ce qui est parfois demandé voir imposé aux industriels lors des ouvertures pu agrandissements, il y a forcément un lien qui j espère a été évoqué à huis clos

  2. Proposition n° 8 : Formaliser les engagements sur le plan d’affaire, les volumes et les
    innovations afin d’asseoir la négociation des tarifs d’achat sur une base rationnelle
    Ce point là à toujours été problématique pour les PME qui souvent naviguent à vue entre CA dégagé et investissement dans l’enseigne

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