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Le casse-tête des (trop) bons résultats…

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Rarement la communication des résultats de l’exercice précédent aura été… aussi casse-gueule (ou un casse-tête / rayer selon le niveau de familiarité que vous acceptez de ma part). Pandémie et restaurants fermés obligent, les clients se sont repliés sur les rayons alimentaires des grandes surfaces. Les chiffres d’affaires ont progressé. Les résultats davantage encore (c’est le principe même de ce métier, même s’il faut intégrer les coûts additionnels liés à la crise). Mais voilà… que dire ? Qu’en dire ? Que l’année a été formidable ? Parfait pour prendre un violent retour. Jouer “low-profile” ? Contreproductif pour Carrefour et Casino (qui publie ses comptes demain) qui, eux, doivent faire envie (aux investisseurs). A l’inverse des groupes cotés en bourse, les groupements d’indépendants, eux, font ce qu’ils veulent. Tant dans le détail des informations communiquées que dans le calendrier. 

Intermarché qui a dégainé le premier, dès le 21 janvier, a trouvé la parade : communiquer sur une croissance de chiffre d’affaires carburants inclus, ce qui n’est (absolument) pas la norme ni la grille de lecture habituelle. Sauf qu’en intégrant les stations-services, Intermarché a pu afficher une si timide hausse qu’on plaindrait presque Les Mousquetaires : + 1,4 %. Naturellement, c’est bien davantage pour les ventes des magasins : disons 5 fois plus au minimum, sans prendre le risque de se tromper 😉 Mais c’était… inavouable. 

Leclerc et U, pour leur part, n’ont toujours rien avoué. Et pour cause… On attend encore leurs communiqués. Sur les dernières années, jamais Leclerc n’avait traîné à ce point. Donc, sauf panne informatique majeure (OK, je me moque), c’est bien qu’il y a de la rétention dans l’air… Probablement le même scénario chez U où les publications sont bien plus souvent avant le 24 février qu’après ! Faut dire qu’en pleine crise agricole (et avant la fin des négos), faire des “waouh” n’est pas la posture la plus habile qui soit. Alexandre Bompard, le boss de Carrefour, l’a appris à ses dépens hier, à la faveur d’un tweet de Christiane Lambert, la patronne de la FNSEA, mettant en parallèle le sort des paysans et les résultats de Carrefour. Et qu’importe la valeur de l’argument dans le fond. La forme est imparable. 

6 commentaires

  1. Faire de très bons résultats, quelles que soient les conditions, n’est pas un “péché”. Au contraire, c’est signe de bonne santé !
    Le problème est la redistribution du gain. Ce qui irrite, c’est que cela va majoritairement dans la poche des gros actionnaires qui en ont déjà assez…
    Si, comme cela se pratique en Allemagne chez Porsche, les excellents résultats étaient redistribués à tout le monde sous forme de prime (le même montant pour tout le monde), cela passerait mieux, non ?
    Mais bon, on est en France : l’argent, c’est sale et gagner de l’argent, c’est mal… Vous me réciterez un Notre Père et 3 Je vous salue Marie…

    1. Le point n’est pas de gagner de l’argent, ni de savoir à qui il est redistribué (les systèmes de redistribution sont très au point chez les indépendants).
      Il s’agit de la crédibilité en Négo: comment être crédible en demandant de la déflation sans aucune légitimité (sans d’ailleurs essayer de la légitimer), quitte à mettre par terre ses industriels jusqu’à la dernière seconde des Négo annuelles (voir après) tout en se pavanant dans les médias en affichant une croissance insolente?

      1. Mettre à terre les industriels ???
        Cela fait bien longtemps que Nestlé, Danone, Lactalis, Coca, Unilever,… ne se laissent plus mettre à terre. Bien au contraire, leurs tarifs sont savamment augmentés pour tenir compte des hausses de budgets de coop co et des baisses de tarifs demandées.. Les distributeurs ont raison de négocier âprement dans ce cas. Pour les PME et le monde agricole, l’approche est différente et elle l’est en réalité.

        1. Nous sommes manifestement des deux cotés de la barrière… On retrouve toujours l’argument des “gros” qui ne sont pourtant pas exempt de difficultés et de plans sociaux en tout genre.
          Je ne parlerai pas d’eux, mais plutôt du “ventre mou” fait de petits groupes internationaux ou non.
          Après avoir perdu plusieurs millions d’euros par an en France depuis 5 ans, et lessivé par 1 an de Covid, j’en suis reduit à avoir sorti (licencié, départ, non remplacement) 30% de mes effectifs l’an passé, rédécoupé, renégocié ma force de vente externe pour le 3ème année de suite afin de ne pas couler, et désormais je vais jusqu’à renégocier les loyers de mes bureaux pour espérer finir l’année, Et pourtant, malgré cette réalité, je continue à recevoir des demandes absurdes de déflation…
          Ce que je vous décrit est aussi la réalité du monde dans lequel vous opérez…
          Faire les choses intelligement serait tellement plus bénéfique:
          – Option 1: demandes absurdes : je coule : la distribution se traine des millions d’euros de stock
          – Option 2: accord ou chacun trouve son compte, que l’on peut envisager sur la durée, qui me permet de maintenir mon activité et le support attendu en magasin (promo ou accompagnement)
          Si derrière le Pseudo Dewe se cache Jean Denis Deweine je peux comprendre que vous ayez quelques challenges à relever de votre coté mais ces derniers seront plus facile avec l’aide des industriels.

    2. Commentaire mal venu, étant donné que Carrefour (entre autre) au cours de l’année dernière a versé 1.000€ de prime net à une
      très grande majorité de salariés.
      Donc pour cette année, il n’y a pas de reproches possibles (sauf si l’on considère que 1.000€ de primes en plus des primes d’intéressement, vacances, et autres ne suffit pas)

  2. Je comprends votre position et vos arguments sont crédibles. En discuter prendrait plus de temps que de l’écrire sur ce blog.
    Non, le pseudo Dewe n’est pas celui de JDD. Mais celui d’un plutôt bon connaisseur de la grande Distri pour y avoir travaillé 40 ans et désormais retiré du circuit.. Malgré la qualité du blog d’ Olivier Dauvers, JDD doit avoir d’autres lectures (ou peut être pas.. C’est peut être un assidu) ..Mais pour reprendre une expression d’Olivier, mon petit doigt m’a dit qu’il a fixé des objectifs de marge élevés pour 2021.
    Donc, bon courage pour vos négos si elles ne sont pas finies ou tant mieux si vous avez déjà trouvé un accord satisfaisant pour vous.

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