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Zéro-prospectus : le contre-pied de Système U !

A l’heure où magasins et enseignes multiplient les annonces d’engagement dans la voie du “zéro prospectus“, une autre voix s’élève : Dominique Schelcher, président de Système U. Interrogé sur RMC, le patron des U a pris le contre-pied de Michel-Edouard Leclerc, médiatiquement omniprésent depuis lundi sur ce sujet. Outre la défense de sa clientèle à dominante rurale, Dominique Schelcher a pris fait et cause pour toutes les petites mains derrière la fabrication et la distribution des tracts. Un son de cloche finalement isolé dans le milieu de la distribution française et… même différent de quelques – rares – magasins U qui, eux, ont choisi de basculer.

Pour les curieux, voici ce qu’a dit Dominique Schelcher

« J’ai pas du tout la même analyse de la situation. Plein de choses n’ont pas été dites. Bien sûr Il y a un mouvement. Chez nous, au premier semestre 2023, on réduira de 30 % le nombre de prospectus distribués. Particulièrement en ville. J’ai des collègues qui, effectivement en ville, ne commandent plus de prospectus. Mais U c’est l’enseigne des territoires. Et dans ces territoires, 60 % des gens nous disent « moi, je veux encore mon prospectus ». Pour mon magasin, quand il n’est plus distribué dans une rue, ils viennent à l’accueil du magasin le chercher, nous demandant pourquoi ils ne l’ont pas reçu. U c’est le choix, le libre choix. On va laisser le libre choix au client : je veux le tract ou je ne le veux pas ça. C’est essentiel. En plus, on nous dit que le papier sera remplacé par le digital. Or le digital ne fonctionne pas encore à 100 % avec la même efficacité. Lire un prospectus sur un téléphone n’est pas aussi efficace, ça marche moins bien.

Et surtout, derrière ce sujet des prospectus, il y a tout un écosystème, toute une économie. 60 000 personnes en France travaillent à la production et à la distribution des tracts de manière directe ou indirecte. On va dire quoi à ces gens ? Du jour au lendemain, on arrête et il n’y a plus rien ? Nous ça n’est pas ça ! J’assume parfaitement ce choix. J’assumerai peut-être d’être le dernier à proposer un prospectus et à proposer le choix. Dans une période d’inflation, les gens ont besoin de comparer, de lire les prospectus et donc de dire je préfère aller dans cette enseigne plutôt qu’une autre La philosophie de U c’est le libre choix. »

19 commentaires

  1. je pense qu’il n’a pas tort.
    Perso, je râle de recevoir un paquet de prospectus par semaine. Je jette d’office tout ce qui n’est pas alim et bricolage. Mais j’aime bien encore feuilleter et conserver ces 2 “thématiques”.
    Quant à lire un prospectus sur tablette, pas encore… Mais je lis mes journaux sur tablette…
    C’est grave, docteur ???

  2. Tickets de caisse, idem : un chariot de courses à 100 euros mérite un contrôle papier. Un achat à 10, 20 ou moins de 50, non.

  3. Entièrement d’accord avec lui.
    Et puis, il faut dire la vérité : les enseignes qui choisissent le “zéro prospectus” le font plus par économie que par écologie, il ne faut pas se voiler la face. C’est le cas aussi pour les tickets de caisse et plas anciennement les sacs de caisse.

  4. On pouvait utiliser exactement les mêmes arguments pour les sacs plastiques fin des années 90.
    On voit ce que cela a donné au final.

  5. ça ressemble méchamment aux discussions lorsque mon enseigne, E.LECLERC, a décidé de supprimer les sacs bretelles gratuits en sortie caisse. Que n’a-t-on entendu comme banalités, pour in fine inscrire dans la loi 25 ans après l’obligation faite aux autres d’y aller. Le Fisc et la sécu ont déjà complétement dématéralisés leurs services, et vouloir le maintenir à tout prix n’est pas un bon calcul, ni sur le marketing et la clientèle, ni sur le coût de gestion.
    C’est pas un peu systématique, le contre pied, chez U 😜 ?

    1. Êtes vous assez objectif en tant que patron et proprio d’un (voire plusieurs mags Leclerc) car :
      depuis bien longtemps vous n’avez pas besoin d’un prospectus pour faire vos courses.. (si vous poussez encore un caddie, d’ailleurs)
      Suis pas sûr non plus que vous ayez besoin d’un ticket de caisse pour voir si on ne vous a pas “truandé” de qqes cts.
      Mais je retire tout ce que j’ai dit si vous faites vos courses toutes les semaines et que vous regardez les prospectus de la concurrence pour comparer les offres… comme un client “normal” 👍

    2. “Le Fisc et la sécu ont déjà complétement dématéralisés leurs services”

      Certes mais moi je reçois toujours mon avis d’imposition (oui en fait de non imposition) par papier par la poste et mes relevés de dépenses sécu par papier par la poste.

  6. “on leur laisse le choix”…
    … mais on distribue encore dans des dizaines de milliers de boîte aux lettres…!
    Quant à l’argument sur l’emploi, personne ne se pose la question sur les pompes à essence par exemple
    C’est juste le sens de l’histoire !

  7. La posture politique voire sociétale du patron des U est malheureusement toute symbolique.
    Il parle pour une population rurale ok, mais surtout pour une clientèle plus agée, et donc pas éternelle.
    La population de moins de 30 ans n’a absolument pas le même rapport au prospectus que leurs ainés et pourtant ils représentent l’avenir.
    Oui des dizaine de milliers d’emplois précaires de livreurs de journaux ou d’employés d’imprimerie vont être impactés.
    Avant cela, va exister une période intenable économiquement pour n’importe quel magasin qui voudrait persister à distribuer ses prospectus quand la grande majorité des enseignes aura stoppé.
    Tout simplement le principe économique des économies d’échelles:
    – moins de prospectus à imprimer mais beaucoup plus de charge (gaz, électricité, salaire) pour faire tourner les rotatives donc un coût au prospectus qui va s’envoler
    – une obligation de cibler à terme les BAL oui-pub, donc des frais de distribution plus élevés
    – Adrexo et mediapost depuis la mise en place de la convention collective sur la distribution, beaucoup de contrats en CDI. Ceux ci auront mécaniquement moins de prospectus à livrer mais devront être payés autant. Donc une répercussion sur le cout au mille du prospectus.
    Même si les prospectus peuvent être remplacés par d’autres livraison aux particulier (type UBER EAT) ou service à la personne, rien ne pourra empêcher une explosion des coûts de livraison.
    L’enseigne qui prend le risque d’aller à contre courant de ce phénomène prend le même risque que les enseignes qui n’ont pas su ou voulu s’engager sur le Drive.
    Et dernier risque majeur, l’enseigne U n’est pas à l’abri d’une décision gouvernementale de définitivement interdire le prospectus au même titre que les sacs plastiques (qui à leur époque faisaient aussi travailler des milliers de personnes en France).

  8. Il a raison !
    En zones rurales les clients ne sont pas prêts au 100% digital et en ce qui concerne certaines operations commerciales (foires aux vins par exemple) le prospectus lorsqu’il est qualitatif, est encore un atout majeur.
    DS est aussi le premier à évoquer i’impact sur l’emploi des 60 000 salariés concernés et la responsabilité que represente une telle décision.
    Il aurait peut être aussi pu rajouter que même sil n’y a pas de petites economies, le prospectus ne constitue pas un poste de charges déterminant.

  9. Dans un premier temps il est possible de faire comme Lidl de mettre des catalogues à disposition en sortie de magasin chez eux simplifié car sortie unique

  10. J’ai une idée, des gens vont se retrouver au chômage, ok quel coût annuel pour les prospectus dans chaque magasins ? Y a pas de quoi embaucher en CDI un ancien distributeur ? SMIC pour SMIC, il sera sûrement plus utile en magasin et il restera peut être encore quelques pièces.

  11. J’ai une idée, des gens vont se retrouver au chômage, ok quel coût annuel pour les prospectus dans chaque magasins ? Y a pas de quoi embaucher en CDI un ancien distributeur ? SMIC pour SMIC, il sera sûrement plus utile en magasin et il restera peut être encore quelques pièces.

  12. Tout à fait d’accord avec D.Schelcher;
    une grande proportion de gens préparent leurs courses en comparant les catalogues papier et fréquentent plusieurs enseignes.
    Préparation qu’on ne peut pas faire sur un petit écran de portable…ni avec un prospectus en sortie de caisse, donc après avoir acheté !!
    Si les – 30 ans préfèrent leur téléphone, pas de pb, mais quel % des clients représentent-ils ? très peu.
    Il faut laisser le choix.
    Idem pour le ticket caisse : ne pas pouvoir vérifier ses achats va générer de la méfiance, et une baisse des ventes.
    L’économie générée sera sans doute inférieure aux pertes de ventes, avec une fréquentation en baisse.

  13. Je pense qu’il y a aussi une logique. A lire certains, Système U va rater une génération de clients qui ont moins de 30 ans et n’utilisent plus les prospectus papiers.
    Il devrait y avoir une étude sur le sujet ; est-ce que notre consommation est linéaire avec l’âge ? Difficile à dire avec le temps car les modes de consommation évoluent mais il n’est pas certains que les clients consomment de la même façon toute leur vie. Certes, des habitudes seront prises. Mais les revenues et habitats évoluent aussi et influent sur notre mode consommation.
    En clair, les moins de 30 ans sont moins riches et habitent des logements plus petits et plus urbain. Donc, ils favorisent des petits prix (Lidl) et de la proximité (épicerie du coin) … Et parfois le numérique (livraisons urbaines, etc, …). En vieillissant, ils vont agrandir leurs besoins (plus de non alimentaire), leur portefeuille, devenir plus exigent sur la qualité des produits et potentiellement changer de quartier (où ils se chercheront un nouveau magasin). La perte de la clientèle des moins de 30 ans (partielle) qui représenterait l’avenir n’est donc peut-être pas définitive et un calcul pour privilégier une cible de clientèle plus rentable et stable.
    A voir ce que l’avenir nous dira.

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