[ EXCLU ] Ce qu’il y a dans les paniers anti-inflation…

Voilà 10 jours que le trimestre anti-inflation est officiellement lancé. Et 10 jours que deux enseignes boudent ostensiblement la démarche : Leclerc et Lidl. Logique. Leur promesse “normative” est d’être moins cher sur tout. Donc faire un effort sur une partie de l’offre revient, en creux, à reconnaître qu’elles pouvaient mieux faire. De son côté, Aldi (qui est dans la même situation que Leclerc et Lidl) fait le service minimum : un panier de 17 produits seulement à 24,67 €, mais bien accompagné du logo gouvernemental !

Les autres enseignes, elles, sont lancées dans une course à l’échalote du panier le mieux garni. Ou le moins cher. Ou le mieux Nutriscoré. Etc. Bref, chaque enseigne a livré sa copie, rendant les paniers incomparables au sens strict du terme. Au jeu du nombre, deux vainqueurs : Intermarché et Casino qui annoncent 500 produits (mais pas toujours disponibles, loin s’en faut). Sur la composition, deux écoles : avec ou sans premiers prix. Intermarché, Système U et Cora proposent quasi exclusivement des MDD ce qui, automatiquement, produit des paniers de meilleure tenue que Carrefour ou Auchan où les premiers prix sont majoritaires. Et avec le niveau qualitatif qui en découle (j’y reviendrai dans la semaine avec un défi que je vais lancer à Alexandre Bompard et Rami Baitieh). A de rares exceptions près, il n’y a donc pas de marques nationales dans ces paniers. Seul Monoprix a glissé une soupe Knorr, 3 plats Blédichef, une compote Andros, etc. Pas beaucoup plus de bio, sauf pour U et Cora qui alignent 12 %.

Dans le détail des rayons et des catégories, c’est le grand écart et, parfois, l’incompréhension. Chez U, par exemple, pas de dentifrice mais… une colle pour dentier. Sauf à considérer que les… sans-dents sont tous chez U, y’a comme un trou dans la raquette ! Carrefour, de son côté, a construit son panier Nutrition avec un prisme Nutriscore un brin exagéré. 25 réfs de légumes en conserve par exemple ! Sans compter les légumes surgelés, les soupes, les cafés, les compotes, etc. Pas très équilibré tout ça… Il y a certes le panier Essentiel en parallèle mais, là, faudra accepter d’avaler des premiers prix. Par exemple un blanc de poulet à 67 % de filet de poulet seulement lorsque la version Fleury Michon en aligne 94 %. Même remarque chez Auchan. Normal, la liste est composée à 2/3 de produits Pouce.

Difficile donc de comparer les paniers (ce qui explique rétrospectivement les difficultés d’Olivia Grégoire, la ministre du commerce, à en imposer un !). Néanmoins, une enseigne se détache : Intermarché. D’abord pour la largeur d’offre : avec 500 réfs, plus facile d’être “couvrant” qu’avec 100 ou 150. Ensuite pour la composition : quasi exclusivement des MDD, ce qui préserve d’une paupérisation du panier (les clients modestes ont horreur qu’on leur rappelle). Enfin pour la forte composante “frais” : 50 %. Sur ce même critère, Casino (qui paye d’avoir choisi comme angle une gamme de produits à moins de 1 €) n’affiche que 17 % !