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Septembre vert, mais colère noire ? (ou le déclassement par le steak frites)

LES FAITS.  Bruno Le Maire et Olivia Grégoire ont réuni hier et aujourd’hui à Bercy les distributeurs et les industriels. L’enjeu ? Créer les conditions (y compris réglementaires en anticipant la fin des négociations) à des baisses de prix visibles en rayons.

Comme toujours, en matière d’inflation, il y a les faits et leur perception. Et les faits sont têtus, même s’ils échappent encore à quelques commentateurs. Oui, l’inflation alimentaire s’est sacrément calmée… Quel que soit l’indicateur (NielsenIQ, Circana ou A3 Distrib/ Dauvers), l’inflation est sur un plateau depuis un trimestre. Sur un an, c’est vrai, le niveau demeure toujours élevé (environ 13 %). Mais qui cherche une inflexion de tendance doit observer plus finement qu’avec une maille annuelle ! Et là, c’est clair : juin, juillet et août marquent une stabilité des prix, laissant à penser que, peu à peu, les baisses vont supplanter (en nombre) les hausses et donc orienter la moyenne… dans le vert ! Car les raisons pour que septembre soit justement « vert » sont là : baisse de plusieurs matières premières (dont le blé), recul des coûts énergétiques et… baisse de la consommation (avec transfert vers les MDD) qui imposent aux grandes marques de revoir leur tarif.


Il faudra davantage qu’une inflexion de tendance…


Comme toujours (bis), en matière de consommation, c’est la perception qui guide les comportements. Dit autrement : il faudra davantage que quelques centimes de baisse pour infléchir la perception des Français. Voilà pourquoi, même si septembre se verdit, la colère sociale pourrait néanmoins gronder. Car une part importante de la population vit dans le sentiment de déclassement. 
Factuellement, les Français ont en effet perdu du pouvoir d’achat alimentaire (les salaires n’ont été revalorisés que du niveau de l’inflation générale). Pire : les plus modestes, consacrant une part plus importante de leur bugdet à l’alimentation, ont été doublement pénalisés. C’est… le déclassement par le steak frites. Pour s’offrir 10 steaks hachés Charal et 2,5 kg de frites surgelées MDD (ce qui est quand même loin d’une vie dans l’opulence), le smicard devra turbiner plus d’une demi-heure supplémentaire. 
La morale ? Même si Bruno Le Maire et Olivia Grégoire parviennent à leurs fins (et que les faits leur donnent finalement raison), de l’eau coulera sous le pont de Bercy avant que les consommateurs ne le perçoivent. Toujours la même différence entre les faits et la perception… 

8 commentaires

  1. Et on ne parle là que depuis 2022, pas 2021 ou les chiffres seraient encore plus choquants malheureusement…

    Hâte d’être à demain soir pour écouter la conférence post distri/industri ou B.LeMaire aura encore des promesses qui n’engagent que lui à donner à ses “compatriotes”.
    C’est pas avec lui qu’on s’en sortira, et pourtant il y a urgence pour tout le monde, que ce soit, professionnels comme clients.

    1. j’ai trouve les frites, pas encore le charal mais pas le temps, je regarde cet apres midi si j’ai pas oublie d’ici la.

      frite classique en 2.5kg, 2.35/luntié soit 94ct/kg le deuxieme a 50% soit les deux 3.52 ou 70 ct/kg pas trop d’ecart finalement entre 2021 et 2022 pour leur frite.

      cata du 15 au 21 juin 2021

      1. C’est bien pour ça qu’il faut regarder les comparaisons dans le temps long hors promo, car le produit n’est (par principe) pas en promo tout le temps 😉

    1. Le fond du propos ici : même si septembre est “vert” (on va peut-être attendre la fin du mois pour le savoir), il ne sera pas perçu comme tel. C’est cette asymétrie que je souligne.

  2. -Le blé tendre qui baisse, le blé dur qui augmente, l’énergie qui passe sa petite hausse estivale, le SMIC qui a augmenté de plus de 13% depuis 2020, le transport qui s’emballe, le rattrapage des années de disette : toujours difficile de savoir si les hausses sont justifiées ou pas.
    -Le match entre industriels (qui hormis les “majors”, ont souvent des comptes d’exploitation et une trésorerie précaire) et distributeurs, pour qui baisse des prix se traduit par baisse des recettes (directes et différées) et pas obligatoirement par augmentation des volumes.
    -La communication des politiques pour faire croire à un arbitrage divin (mais qui a envie de vivre dans une économie administrée), politiques pas trop déçus de voir les recettes fiscales qui augmentent via la TVA (ça permettra éventuellement de faire un peu de redistribution au cas où…).
    => un bon cocktail pour occuper journalistes et chroniqueurs en attendant le prochain fait divers et le début de la Coupe du Monde de rugby

  3. N’y a t’il pas une incohérence à parler de “mars rouge” car il était celui avec la hausse la plus forte (+ 3,4 points entre février et mars 2023 sur les 150 produits stars dans l’étude A3distrib) et à attribuer la couleur opposée “verte” pour la 1e baisse venue ? Le “mois vert” ne devrait-il pas concerné le mois avec la plus forte baisse ?

    1. L’idée du septembre vert (dont je parle depuis mai) est simple : premier mois de baisse. De fait, pour la plus forte baisse on n’y est pas.

      Ol

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