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Shein, un naufrage politique 

Un chapitre s’est refermé aujourd’hui dans la série « Shein, ton univers impitoyable ». Le tribunal de Paris n’a donc pas suivi l’État (en clair Bercy) dans sa demande de suspension de la plateforme chinoise. 

Parce que je l’ai déjà dit publiquement (au micro de RTL), c’était la décision la plus probable. Parce que si Shein avait certes enfreint la loi avec ces “poupées pédo” et les armes, rien n’était vraiment de nature à justifier une fermeture, même temporaire, du site. Surtout que Shein avait débranché sa marketplace et pris l’engagement d’y faire le ménage. Car il y a la morale (Shein est-elle une plateforme vertueuse ? Chacun y répondra librement) et il y a… la loi.

Voilà pourquoi le dossier Shein est (pour l’heure) un naufrage politique. Serge Papin, Roland Lescure ou encore Sébastien Lecornu, tous sont partis bille-en-tête réclamer la peau de Shein. Et en sont aujourd’hui ridicules, avec le risque politique d’être taxés d’impuissance. Comme toujours, les politiques n’ont pas su résister pas au volontarisme d’apparat. Montrer que l’on agit. Coûte que coûte. Et au risque de ne rien obtenir. Car – et il ne faut pas s’y tromper –, indépendamment de cette décision de justice (et d’éventuelles prochaines décisions), le modèle Shein perdurera. Ce modèle que l’on pourrait qualifier de “circuit court” entre les usines chinoises et les clients occidentaux. On peut le regretter mais cette désintermédiation est banale à l’heure du digital. Quel ministre a ainsi posé le sujet ? Aucun. Sur les bancs de l’Assemblée comme sur les plateaux radio/TV, les rodomontades anti-Shein étaient tellement plus faciles.

Mais l’acte 2 du naufrage politique se prépare déjà avec la taxe petit colis, là aussi présentée au bon peuple comme l’arme anti-shein. À Bruxelles, les ministres paradaient, fiers de leur taxe. Il n’en sera rien avec l’ouverture d’entrepôts en Europe. Ce que Shein a d’ailleurs déjà entamé en Pologne. Les “petits colis” partiront désormais de ces entrepôts et s’épargneront donc cette fiscalité nouvelle au nom de la libre circulation des marchandises. Et les ministres du moment (peut-être pas les mêmes) en seront à nouveau ridicules. Un naufrage vous dis-je.

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