Tribunes

Donner aux produits une valeur sociale

LES FAITS. Selon nos observations dans huit enseignes, plus de neuf jouets sur dix proposés actuellement en rayons débarquent tout droit de Chine. Ce qu’aucun consommateur ne sait et… ne cherche à savoir !
Al’heure où s’achève la saison Jouets 2011, le constat est édifiant, quoique peu surprenant… En hypers comme en grandes surfaces spécialisées, neuf jouets sur dix sont made in China ou, plus feutré, made in PRC (pour Popular Republic of China). Sur ce rayon plus que sur tout autre, l’empire du Milieu est clairement l’usine du Monde. Et l’idée bayrouiste du moment du «Produire en France» une douce utopie au regard de la compétitivité de l’Orient. D’autant que, face aux gondoles et contrairement aux résultats des – nombreuses – études sur le sujet, le chaland se fiche de l’origine comme d’une guigne. L’observer en rayon suffit à s’en convaincre ! Et même les bien-pensants adeptes des circuits courts  et autre locavorisme déposeront cette année encore au pied de leur sapin des jouets asiatiques. Pas le choix, objecteront-ils. Soit. Mais faut-il pour autant se résigner à ne voir que le prix, la marque ou un flatteur conditionnement comme élément de valeur d’un jouet ou d’un quelconque produit ?
Produire en France ne peut être que la conséquence
de l’achat français
Aussi louable soit-elle, l’ambition du Produire en France n’aura de perspectives, et donc de sens, que si le client accepte l’achat français. Ce qui impose d’imaginer comment donner une valeur sociale aux produits. Sous ses différentes facettes, la fiscalité est, à l’évidence, une voie fort efficace, car elle conduit à renchérir les produits made in… ailleurs. Mais, selon les hypothèses envisagées, c’est une voie improbable ou délicate. Improbable pour les droits de douane, le risque de la réciprocité pénalisant alors l’accès à des marchés prometteurs. Et délicate pour la TVA sociale, dont la conséquence à très court terme serait de peser – au moins symboliquement – sur le pouvoir d’achat.
Reste donc une communication plus contraignante sur l’origine. Laquelle participerait indéniablement à la valeur sociale des produits (en positif sur certains, en négatif sur d’autres). Le pays d’origine est certes une information obligatoire. Mais une information cachée parce que peu marchande. Dès lors, l’heure ne serait-elle pas venue d’afficher plus clairement cette origine que le consommateur ne sait voir ? Depuis l’été, il y a certes l’Origine France Garantie, traduction réglementaire du rapport Jego de mai 2010. Un premier pas, il est vrai. Mais pourquoi ne pas imaginer un… grand saut ? Par exemple en imposant l’affichage de l’origine dans une proportion visuelle infiniment plus importante qu’aujourd’hui. Et ce, sur la totalité des produits et non seulement sur quelques rayons comme c’est le cas à présent (fruits et légumes par exemple). Imaginez un rayon jouets où toute étiquette prix serait accompagnée, par la force de la loi, de l’origine… Naturellement, les tendances de marché ne s’inverseraient pas dans l’instant. Mais          les clients intègreraient bien davantage qu’aujourd’hui l’origine comme élément de valeur. Une valeur sociale en somme.
Olivier Dauvers

TGC 104LES FAITS. Selon nos observations dans huit enseignes, plus de neuf jouets sur dix proposés actuellement en rayons débarquent tout droit de Chine. Ce qu’aucun consommateur ne sait et… ne cherche à savoir !

Al’heure où s’achève la saison Jouets 2011, le constat est édifiant, quoique peu surprenant… En hypers comme en grandes surfaces spécialisées, neuf jouets sur dix sont made in China ou, plus feutré, made in PRC (pour Popular Republic of China). Sur ce rayon plus que sur tout autre, l’empire du Milieu est clairement l’usine du Monde. Et l’idée bayrouiste du moment du «Produire en France» une douce utopie au regard de la compétitivité de l’Orient. D’autant que, face aux gondoles et contrairement aux résultats des – nombreuses – études sur le sujet, le chaland se fiche de l’origine comme d’une guigne. L’observer en rayon suffit à s’en convaincre ! Et même les bien-pensants adeptes des circuits courts  et autre locavorisme déposeront cette année encore au pied de leur sapin des jouets asiatiques. Pas le choix, objecteront-ils. Soit. Mais faut-il pour autant se résigner à ne voir que le prix, la marque ou un flatteur conditionnement comme élément de valeur d’un jouet ou d’un quelconque produit ?

Produire en France ne peut être que la conséquence de l’achat français

Aussi louable soit-elle, l’ambition du Produire en France n’aura de perspectives, et donc de sens, que si le client accepte l’achat français. Ce qui impose d’imaginer comment donner une valeur sociale aux produits. Sous ses différentes facettes, la fiscalité est, à l’évidence, une voie fort efficace, car elle conduit à renchérir les produits made in… ailleurs. Mais, selon les hypothèses envisagées, c’est une voie improbable ou délicate. Improbable pour les droits de douane, le risque de la réciprocité pénalisant alors l’accès à des marchés prometteurs. Et délicate pour la TVA sociale, dont la conséquence à très court terme serait de peser – au moins symboliquement – sur le pouvoir d’achat.

Reste donc une communication plus contraignante sur l’origine. Laquelle participerait indéniablement à la valeur sociale des produits (en positif sur certains, en négatif sur d’autres). Le pays d’origine est certes une information obligatoire. Mais une information cachée parce que peu marchande. Dès lors, l’heure ne serait-elle pas venue d’afficher plus clairement cette origine que le consommateur ne sait voir ? Depuis l’été, il y a certes l’Origine France Garantie, traduction réglementaire du rapport Jego de mai 2010. Un premier pas, il est vrai. Mais pourquoi ne pas imaginer un… grand saut ? Par exemple en imposant l’affichage de l’origine dans une proportion visuelle infiniment plus importante qu’aujourd’hui. Et ce, sur la totalité des produits et non seulement sur quelques rayons comme c’est le cas à présent (fruits et légumes par exemple). Imaginez un rayon jouets où toute étiquette prix serait accompagnée, par la force de la loi, de l’origine… Naturellement, les tendances de marché ne s’inverseraient pas dans l’instant. Mais les clients intègreraient bien davantage qu’aujourd’hui l’origine comme élément de valeur. Une valeur sociale en somme.

Olivier Dauvers

7 commentaires

  1. bien vu, pour la plupart des jouets qui viennent de chine.je me permet un coup de g…..:
    et les produits d’alimentation,conserves de fruits et legumes, legumes sec et fruits secs,etc..etc…. sans compter les viandes,canards, porc etc… etc… importés dans des pays tiers de l’europe ou il y a peu de contrôle sanitaire voir même pas du tout.

  2. Bonjour,
    Bonne idée Olivier que d’afficher l’origine du produit sur l’étiquette prix comme dans le rayon fruits et légumes, mais je doute que cela soit faisable en pratique (en dehors de la zone marché) : le format de l’étiquetage électronique, type SES, ne permet pas une visibilité suffisante à l’origine du produit.
    A mon avis, ce serait plus à la fédération française du jouet de faire la promotion du “Fabriqué en France” (communication on-pack, médias, sensibilisation des clients dans les rayons….).
    Réflexion à étendre sur l’ensemble des rayons. La France ne pourra pas sortir durablement de la crise sans une politique industrielle forte.

  3. Bonjour,
    Qu’appelle t-on visibilité suffisante?
    (de plus, je rappelle qu’il n’y a pas que SES dans la vie des étiquettes électroniques..il y aussi PRICER:)..)
    Thierry

  4. Bonjour,
    par visibilité suffisante : le client n’a pas besoin de faire d’effort pour voir l’origine du produit.
    Il me semble, en tous cas pour les fruits et légumes que la taille de l’origine doit être au moins identique à la taille du prix sur l’étiquette. Est-il possible de faire cela dans chaque rayon (notamment celui du jouet), tout en gardant une lisibilité des infos suffisantes?
    J’ai mentionné l’étiquetage “SES” qui est d’ORIGINE FRANCE : il me semble que c’est d’actualité!

  5. Les distributeurs pourraient également chercher à se différencier via cet axe sans dépendre des industriels.
    Par exemple, avec des promotions “produit en France”, ou bien tout au long de l’année en récapitulant sur le ticket de caisse le nombre de produits “produits en France” faisant partie du panier. Il y a de nombreuses solutions pour répondre à cette problématique

  6. Quels seront les critères pour qualifier un produit made in France ou pas?
    Suffira t-il de finir l’assemblage et de l’emballer pour avoir le droit de passeport?
    Et un biscuit breton fait avec des oeufs espagnols, de la farine ukrainienne, des ingrédients laitiers néo-zélandais sera t-il naturalisé sans contestation?

  7. @ian
    J’admets évidemment toute la difficulté de mise en oeuvre de pareilles initiatives. Pour autant, la complexité de mise en oeuvre doit-elle – à l’avance – freiner toute réflexion sur le sujet ? Pour moi, c’est clair, c non. Il faut avancer !

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