Tribunes

Cher Georges…

LES FAITS. Lundi prochain, Lars Olofsson va officiellement céder les commandes opérationnelles de Carrefour à Georges Plassat. Lequel devrait formellement en devenir le PDG lors de prochaine assemblée générale, le 18 juin.
C’est assurémment une belle journée qui s’annonce… Lundi, Carrefour s’offre à vous. Presque comme une jeune mariée à son promis. De longs mois durant, vous avez été approché, courtisé, attendu et parfois même… annoncé ! Les gazettes l’assuraient : vous auriez d’abord dit «non» avant, finalement, de dire «oui». Rien de tel pour attiser la flamme de sa dulcinée ! Autant le reconnaître cher Georges (au nom de nos nombreuses joutes verbales d’une précédente époque, vous me permettrez pareille familiarité) : votre entrée en matière est d’une extraordinaire habileté,  même si elle n’était pas ainsi calculée, ce que je crois. Du tandem d’actionnaires-en-chef (Bernard Arnault et Sébastien Bazin), vous avez probablement obtenu les pleins pouvoirs. Peut-être, votre hésitation vous a-t-elle même permis de négocier ce qui manque toujours cruellement aux patrons : du temps. Je vous le souhaite.
Lundi, donc, vous monterez les étages du siège de Boulogne comme le capitaine rejoint la dunette du navire. Un formidable navire (toujours vice-champion du Monde du retail quand même) mais sans véritable cap.
Répondre à la question
de l’avenir de l’hyper
Votre probable premier chantier : les hypers français. A l’image d’un médecin au chevet du malade, votre talent sera d’en poser le bon diagnostic. Bien sûr, il y a l’effet enseigne. Mais aussi – peut-être ou sûrement, le sujet fait encore débat – un effet format. De moins en moins légitime sur le non-al, le grand hyper a-t-il encore de l’avenir dans son concept historique du tout sous le même toit ? La question est hautement stratégique et difficile ! Mais vous devrez forcément y répondre sur la base d’une vision du commerce à 10 ans. Pas à 6 mois.
Seconde question (nous en avons si souvent débattu du temps où vous pilotiez Casino…) : quelle place le prix doit-il avoir dans la stratégie commerciale d’une enseigne à l’ambition mass-market ? Un conseil : écoutez Noël Prioux et sa gouaille de commerçant. Le bon sens en action, c’est lui. Dans la foulée, vous vous étonnerez, du moins je l’espère, que le premier acheteur français ne puisse pas mieux rivaliser sur le prix avec celui qui n’est que son dauphin en puissance d’achat, Leclerc. Sans doute vous faudra-t-il vous attaquer à la structure de coûts de Carrefour. Là-dessus, je vous sais capable… Encore qu’il sera sans doute bon d’y mettre les formes pour que l’homme si désiré n’en soit pas trop rapidement rejeté !
Donner un vrai visage numérique
à Carrefour
Viendra alors un autre défi : inscrire Carrefour dans son époque avec un projet e-commerce digne de ce nom. Au risque de me tromper (c’est le jeu), j’ai pris le pari que, vous aux commandes, la sous-traitance de l’activité e-commerce non-alimentaire de Carrefour ne sera pas longtemps confiée à Pixmania. Depuis l’origine, je ne comprends guère qu’un retailer confie la gestion d’un «rayon» à un concurrent. Surtout quand ledit rayon est un indispensable relais de croissance. Là où tous vos prédécesseurs ont failli, vous devrez donc réussir : donner un véritable visage numérique à Carrefour (au-delà du drive naturellement). En la matière – et vous reconnaîtrez bien là une impertinence agaçante – j’avoue un faible pour la stratégie d’un certain… Jean-Charles Naouri. Une vieille connaissance, ce me semble.                     Olivier Dauvers

TGC110LES FAITS. Lundi prochain, Lars Olofsson va officiellement céder les commandes opérationnelles de Carrefour à Georges Plassat. Lequel devrait formellement en devenir le PDG lors de la prochaine assemblée générale, le 18 juin.

C’est assurémment une belle journée qui s’annonce… Lundi, Carrefour s’offre à vous. Presque comme une jeune mariée à son promis. De longs mois durant, vous avez été approché, courtisé, attendu et parfois même… annoncé ! Les gazettes l’assuraient : vous auriez d’abord dit «non» avant, finalement, de dire «oui». Rien de tel pour attiser la flamme de sa dulcinée ! Autant le reconnaître cher Georges (au nom de nos nombreuses joutes verbales d’une précédente époque, vous me permettrez pareille familiarité) : votre entrée en matière est d’une extraordinaire habileté,  même si elle n’était pas ainsi calculée, ce que je crois. Du tandem d’actionnaires-en-chef (Bernard Arnault et Sébastien Bazin), vous avez probablement obtenu les pleins pouvoirs. Peut-être, votre hésitation vous a-t-elle même permis de négocier ce qui manque toujours cruellement aux patrons : du temps. Je vous le souhaite.

Lundi, donc, vous monterez les étages du siège de Boulogne comme le capitaine rejoint la dunette du navire. Un formidable navire (toujours vice-champion du Monde du retail quand même) mais sans véritable cap.

Répondre à la question de l’avenir de l’hyper

Votre probable premier chantier : les hypers français. A l’image d’un médecin au chevet du malade, votre talent sera d’en poser le bon diagnostic. Bien sûr, il y a l’effet enseigne. Mais aussi – peut-être ou sûrement, le sujet fait encore débat – un effet format. De moins en moins légitime sur le non-al, le grand hyper a-t-il encore de l’avenir dans son concept historique du tout sous le même toit ? La question est hautement stratégique et difficile ! Mais vous devrez forcément y répondre sur la base d’une vision du commerce à 10 ans. Pas à 6 mois.

Seconde question (nous en avons si souvent débattu du temps où vous pilotiez Casino…) : quelle place le prix doit-il avoir dans la stratégie commerciale d’une enseigne à l’ambition mass-market ? Un conseil : écoutez Noël Prioux et sa gouaille de commerçant. Le bon sens en action, c’est lui. Dans la foulée, vous vous étonnerez, du moins je l’espère, que le premier acheteur français ne puisse pas mieux rivaliser sur le prix avec celui qui n’est que son dauphin en puissance d’achat, Leclerc. Sans doute vous faudra-t-il vous attaquer à la structure de coûts de Carrefour. Là-dessus, je vous sais capable… Encore qu’il sera sans doute bon d’y mettre les formes pour que l’homme si désiré n’en soit pas trop rapidement rejeté !

Donner un vrai visage numérique à Carrefour

Viendra alors un autre défi : inscrire Carrefour dans son époque avec un projet e-commerce digne de ce nom. Au risque de me tromper (c’est le jeu), j’ai pris le pari que, vous aux commandes, la sous-traitance de l’activité e-commerce non-alimentaire de Carrefour ne sera pas longtemps confiée à Pixmania. Depuis l’origine, je ne comprends guère qu’un retailer confie la gestion d’un «rayon» à un concurrent. Surtout quand ledit rayon est un indispensable relais de croissance. Là où tous vos prédécesseurs ont failli, vous devrez donc réussir : donner un véritable visage numérique à Carrefour (au-delà du drive naturellement). En la matière – et vous reconnaîtrez bien là une impertinence agaçante – j’avoue un faible pour la stratégie d’un certain… Jean-Charles Naouri. Une vieille connaissance, ce me semble.

Olivier Dauvers

9 commentaires

  1. Aujourd’hui, le marché de la distribution en générale souffre en Europe de l’Ouest, d’une part à cause de la crise économique (un peu) et d’autre part, parce que le format de l’hyper de périphérie s’essouffle. (beaucoup)
    Certes, des distributeurs arrivent à sauver leur épingle du jeu (Leclerc, Système U, Casino avec ses magasins de centres villes) mais avant tout parce que leur modèle économique est construit sur un format plus plébiscité par les consommateurs aujourd’hui quand Carrefour a construit le sien sur des hypers aux surfaces géantes, qui faisaient le bonheur de la ménagère il y a quelques années.
    J’espère que Georges va se recentrer sur les basiques dans la mesure ou j’ai du mal à croire que la réinvention de l’hyper de périphérie est possible. Qu’il s’attelle d’abord à faire fonctionner correctement l’existant (ruptures, prix, attente en caisses) avant d’aller réinventer quoi que ce soit à coup de milliards financés tant bien que mal par la vente d’actifs et des économies. Qu’il se pose la question de la réduction des coûts de siège, qui produisent du slide au km à l’aide de consultants (McKinsey) payés à prix d’or. Qu’il comprenne que le métier de la distribution c’est de mettre des boites de conserve en rayon avant tout, (Prix, Plein, Propre, Produit) et pas d’envoyer des fusées sur la lune, ce qui ne nécessitent donc pas forcément autant de têtes pensantes qui n’ont jamais mis les pieds dans un magasin.
    Qu’il se pose la question des derniers marchés de croissance possible (La Russie par ex ou Auchan progresse de 14%) bien que le cours de l’action limite les possibilités de financement.
    Qu’il s’interroge pour savoir si avec Internet aujourd’hui, on peut encore croire que l’écran plat de 110 cm est un produit d’appel, si on a les moyens de revenir sur du PF traditionnel vs LS et que cela suffirait à faire revenir les clients? Qu’il se pose la question de la rentabilité réelle de 40% de MDC, de l’organisation centralisée avec des outils perfectibles et structures d’encadrement en magasin de plus en plus réduite,
    Bref Georges courage….

  2. Comme d’habitude belle analyse stratégique sur les enjeux de Georges à la tête du paquebot Carrefour. J’ajouterais un élément certes terre à terre et éminemment basique: la règle des 3 P. Le Prix: et pas seulement sur 500 produits tout le temps en rupture. Le Plein: les rayons PGC sont vides dès l’ouverture. Le Propre les équipes ne sont plus associés au projet de l’entreprise et plus fiers de leur enseigne, d’où une tenue de rayon digne du pire des Intermarchés dans les années 90!
    Le commerce est simple, regardons System U et Leclerc: proche de leur client, et application basique des regles du commerce.

  3. @Pierre,
    Non, nous ne faisons pas que du slide au kilométre, et, Mc Kinsey n’est qu’un exemple de consultant chez nous. Oui, il y a fort à faire pour faire s’exprimer les talents. Mais le dernier à avoir montré une tomate à un séminaire non-al est pourtant le prochain à partir. Oui, c’est une pitié de voir ce qui se passe pour mes collègues en magasin.

  4. Claude,
    S’il y avait un étage à Boulogne dans lequel on ne produisait pas de powerpoint, ca ne m’aurait pas échappé 😉

  5. S’il pouvait trancher vite sur la ligne bleue, ce serait une bonne chose ! Soit l’appliquer, soit la supprimer, mais il faut se décider.

  6. I see myself as a great guy who any woman sluohd try to get with, and that’s what I’m projecting as far as I can tell. Why aren’t women seeing this?The only women I’ve been able to attract live 1,000s of miles away from me, and there’s nothing different I do with them than with women here at home. Don’t make a bad first impression ? Brilliant. -_-I heard faster body movement was more confident than slower. Which is right?

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