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La France, le pays où le lait reste pas cher (c’est tout relatif)

Intermarché annonçait hier viser un prix cible de 95 cts pour le prix du lait d’ici le 12 septembre. Une mesure de soutien à la filière (et à ses marges) qui implique une hausse de prix de l’ordre de 18 % sur sa brique MDD… Cette annonce intervient bien sûr dans un contexte de forte tension dans la filière laitière. Tension qui n’a fait que croître avec la sécheresse de cet été. Les éleveurs sont sur la paille, au sens propre comme au figuré.

Il y a quelques jours, les producteurs de lait (FNPL) appelaient de leur vœux un lait à 1 euro minimum pour que l’ensemble de la filière soit correctement rémunérée (oubliant comme toujours qu’un revenu est avant tout la soustraction entre un prix et un coût et non uniquement un prix, mais passons…)

Comment la France se positionne face à ses voisins européens dans cette crise du lait ? Voici quelques éléments de réponse. A l’échelle de l’UE, le prix payé à la production a bondi de 40 % sur un an (à fin juillet 2022). C’est + 29 % en France, ce qui fait effectivement de notre pays un relatif « mauvais payeur » du lait en comparaison à nos voisins proches.

Côté consommateurs, si l’on se réfère au prix du lait MDD (dans sa version classique demi-écrémé) vendue chez le leader national, il se confirme aussi que la France fait partie des pays où le lait reste le plus économique, avec l’Espagne et l’Italie. Ce qui n’empêche pas la brique Délisse de Leclerc d’avoir déjà encaissé 8 % de hausse sur un an. 

Indicateur intéressant, le rapport du prix de la brique en magasin sur celui du litre payé aux producteurs donne dans presque tous les pays, y compris le nôtre, un coefficient assez homogène oscillant de 1,7 à 2,0. Avec deux exceptions notables (coeff. 1,4) : la Belgique chez Delhaize et le UK chez Tesco. Deux pays où les marges sur le lait sont donc logiquement encore plus pincées qu’elles ne le sont en France. Finalement, il ferait presque bon de vivre outre-Manche. Pour les producteurs, qui y sont payés l’équivalent de 53 centimes ; pour les consommateurs qui payent le litre de lait 74 centimes… A deux doigts de demander ma naturalisation et de rappeler au bon souvenir des English que Mamie Dauvers est née en réalité Christiane… Field. Si si.

4 commentaires

  1. Pour l’UK, la différence ne serait-elle pas liée au fait que vous avez pris du lait frais et pas du lait UHT ? Le frais demande peut-être moins de coûts de transformation malgré la chaine du froid. Ce qui peut amener un prix facial moins élevé mais une marge équivalente au UHT ?

  2. Si on prend le lait Délisse de Leclerc comme base en France, il aurait été plus logique de comparer le prix en Belgique avec celui du lait Boni chez Colruyt et pas Delhaize qui n’a pas le même positionnement prix

  3. Le litre de lait issu de la ferme produit l’équivalent 2,5 litres de lait un fois transformé. Vous prenez un litre de lait demi-écrémé, ça n’a plus grand chose à voir avec le lait brut fermier et le lait appelé entier ne l’est pas.
    Les transformateurs se font une bonne marge me racontait un éleveur de mon entourage.

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