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Price management : faut-il ouvrir le dossier ?

La question est à deux doigts d’être philosophique… : au sein d’un même magasin, le prix doit-il être le même pour tous et tout le temps ? Ça et là, je sens bien (et depuis longtemps) des tentations ! En 2019, déjà (revoir ici), à l’issue de la présentation des comptes Casino, Jean-Charles Naouri, le patron, avait livré le fond de sa pensée. “Le monde des prix anonymes, identiques pour tous, nous paraît derrière nous. Il nous semble préférable de l’individualiser, surtout que les outils le permettent“. Depuis, via les applications et les bons de réduction ciblés, les enseignes s’approchent – lentement mais peut-être sûrement ? – d’une forme de price management. Mais, au final, peu de prix sont réellement différents : ce ne sont pas quelques bons de réduction ciblés qui changent fondamentalement les prix sur les milliers de références d’un magasin.

Autre piste : un management des prix par “moments”. Après tout, pour les magasins ouverts la nuit en mode autonome, certains produits peuvent “valoir davantage”. Histoire de bien comprendre le sujet (même si j’admets à l’avance le côté un brin caricatural de l’exemple !) : une bouteille de champagne et une boite de préservatifs ne peuvent-ils pas supporter un premium de prix à 23h ? Si, probablement. Même questionnement pour le dimanche matin. Après tout un magasin ouvert lorsque d’autres sont fermés rend un objectif service. Ce qui peut donc avoir une valeur.

Derrière le price management, il y a donc le vaste sujet du “consentement à payer”. Après tout, si le consommateur consent, le commerçant ne serait-il pas tout simplement dans son rôle ? Reste qu’arrive vite un sujet plus sociétal, à commencer par une forme d’égalité devant les prix sur des produits “essentiels” ! Pourquoi le prix de Nutella (oui, c’est… essentiel !) serait-il différent suivant celui qui l’achète ou selon que l’on soit samedi après-midi ou dimanche matin ? Autre point “glissant” : la discrétion avec laquelle une telle pratique serait menée. Car je n’imagine pas une enseigne l’assumer publiquement. Précisément parce que le dossier est sensible. Au point de pas l’ouvrir ? Suis prêt à parier le contraire…

6 commentaires

  1. Passionnant ! Après d’ici à avoir du yield dans la distrib (techniquement facilement permis par le drive par exemple), il y a un gouffre philosophique… qu’évidemment Géant va sauter, ou plutôt y tomber !
    C’est un jeu très dangereux

  2. Le management du prix, ça s’appelle une carte de fidélité qui, selon détention ou non, fréquence d’achat, heure et jour d’achat,etc… donnerait droit à des avantages. Une carte intelligente, en somme…
    Toutes autres solutions s’appellent des usines à gaz, déjà largement existantes chez les Intégrés notamment.

  3. Légalement un prix affiché à 14:00 pour un client qui shopper et prend le produit, se retrouve à ma caisse à 14:15 et paye plus cher, comment on défend et justifie?

  4. Les enseignes les plus “dynamiques” sur le marché (Leclerc, Lidl…) sont celles qui sont le plus “transparentes” dans leur communication prix. A l’opposé, même si CASINO MAX permet de réduire sensiblement les prix affichés, il faut reconnaitre que ce n’est pas très lisible pour le conso….

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