Pourquoi des ex-Casino reviendront inévitablement sur le marché…

Intermarché et Auchan en ont quasiment terminé des quelques 300 magasins Casino repris cet hiver à Jean-Charles Naouri. Pour la plupart des sites, les chiffres d’affaires sont repassés dans le vert ou sont à l’équilibre en intégrant des baisses de prix comprises entre 15 et 20 %. Commercialement, donc, un succès quasi généralisé. Et pourtant je prends le pari – et j’assume autant le risque de me tromper que de froisser 😉 – je prends donc le pari que des ex-Casino reviendront sur le marché. Inévitablement.

Deux raisons. D’abord il y a l’avis – très attendu – de l’Autorité de la Concurrence. Impensable que tous les sites transformés soient adoubés. Prenez Agen, Mousquetaires Land pour ceux qui connaissent la zone. A vol d’oiseau : 1,5 km entre un très bel hyper Intermarché natif (niveau Leclerc rénové pour faire simple) et l’ex Géant Casino de Boé qui a pris l’enseigne Intermarché ce printemps. Pas loin : Bordeaux. Là, c’est Auchan Land. Et les exemples sont nombreux. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle – sauf exception – les ex-Casino passés Intermarché n’appartiennent toujours pas à des adhérents, lesquels sont juste “affectés” mais pas “propriétaires”. Nuance de taille. En clair, les sociétés reprises (une par magasin) appartiennent toujours au groupement, qui assume donc aussi les pertes d’exploitations…

Seconde raison : certains sites partent de trop bas. Les chiffres d’affaires sont faméliques et les loyers exhorbitants, donc le taux d’effort usurier. Là aussi, je l’affirme : Auchan ne pourra pas conserver tous les sites tant les pertes vont se creuser à vitesse grand V (sachant que, par ailleurs, le groupe est “dans le dur”). Des Auchan ex-Casino reviendront donc sur le marché. Des Intermarché ex-Casino aussi. Qui peut penser que quelques adhérents affectés à un point de vente ne tremblent pas au moment de reprendre réellement les fonds de commerce ? Après plusieurs mois d’exploitation ils auront, de fait, une vision plus précise du potentiel et du risque pris. Ceux qui jugeront le risque trop élevé jetteront l’éponge. Et Intermarché se retrouvera avec les “nanards” sur les bras, “en portage” pour reprendre la terminologie maison. Quant il était patron d’Intermarché (et non de l’ensemble des Mousquetaires comme aujourd’hui), Thierry Cotillard, en duo avec sa DG Caroline Dassié, avait tout fait pour sortir de tous les portages. Le voilà de nouveau possiblement face à la même situation. D’où, là encore, des remises en vente. Ou, pire, des fermetures. La lucidité sur l’état du marché conduit à l’envisager.