
Pour la quatrième année, VIGIE GRANDE CONSO a publié le palmarès des enseignes ayant réalisé plus d’un milliard de CA en sortie caisses en 2024. Avec un scope couvrant toutes les dépenses courantes des ménages Français : alimentaire, équipement, restauration, sport, pharmacie, carburant, etc.
> Voir les trois enseignes-clés des trois principaux groupements d’indépendants sur le podium de la consommation présente une portée très symbolique. En l’occurrence, Super U devance les hypers Carrefour pour la première fois de son histoire. Et profite aussi de la chute de Total Energies, qui perd plus de 1,6 milliard en 2024, cumulant baisse des prix des carburants, baisse de la demande et perte de part de marché structurelle pour les stations des pétroliers face à celles des GMS.
> Carrefour se consolera en anticipant son retour très prévisible sur le podium en 2025 avec l’intégration des hypers Cora (dont l’apport n’est que marginal en 2024). En tant que marque ombrelle, Carrefour est déjà, de loin, la seconde signature du retail avec 48 milliards d’euros générés au cumul de ses 5 enseignes. Loin devant la bannière U et ses 34 milliards cumulés.
> Au-delà, deux phénomènes majeurs ont structuré les évolutions de CA sur l’année écoulée. Le premier tient au ralentissement voire au recul des marchés discrétionnaires. Exemple symbolique parmi d’autres, Ikea a connu une première baisse de CA (– 3 %) depuis onze ans (hors Covid en 2020). Tous les poids lourds du bricolage sont également “dans le dur” : – 3 % pour Leroy Merlin, – 6,8 % pour Castorama, – 5,3 % pour Brico Depot, – 10 % pour Bigmat ou encore – 2 % pour Bricomarché. Deux spécialistes de la mode, Zalando et H&M, repassent sous la barre du milliard et quittent donc le classement. Tout aussi rare et symbolique est la baisse de CA de McDonald’s en France. La croissance modeste du parc (+ 2 %) n’a pas compensé le recul en comparable, estimé à – 5 %.
> Second phénomène en écho au premier : la prime aux prix (les plus) bas reste plus que jamais valable. Action l’incarne mieux que tout autre. Son gain estimé de CA sur l’année est de 1 050 M€, pour un total de 6,07 milliards TTC. Ce qui le place (déjà) au 12e rang national. À une moindre échelle, l’Irlandais Primark tisse tranquillement sa toile sur l’Hexagone, avec un chiffre d’affaires à + 15 % malgré un parc quasi stable (28 unités, +1).
> Très médiatisés ces dernières semaines, les Chinois Shein et Temu restent difficiles à estimer avec précision, fautes de données officielles ou sources fiables. Nous les plaçons l’un comme l’autre à 1,5 Md€. Ce qui, pour Temu, représente une croissance de plus de 40 % sur l’année. Le 3e larron, AliExpress, reste lui aux portes du classement. Outre Temu, seules deux autres enseignes font leur entrée au “club des milliardaires” en 2024, aux deux dernières places : Nocibé, premier challenger de Sephora, et Marie Blachère qui, outre sa dynamique propre, profite de l’aspiration générée par Grand Frais.
> Réalisé sur les chiffres d’affaires sous enseigne hors marketplace, le classement sous-pondère de facto l’emprise économique de trois enseignes principalement. D’abord Amazon, estimé à 13 Mds€ TTC hors AWS (service cloud) et dont le volume d’affaires est de l’ordre de 21 milliards selon nos estimations. Ensuite Uber Eats qui, en tant qu’agrégateur, ne consolide que ses commissions sur les achats qu’ils livrent. Mais l’activité dans son ensemble génère presque 7 Mds€. Enfin, Vinted dont le volume d’affaires est estimé à 1,7 milliard en France. Ce qui en fait, sans doute possible, le premier “opérateur” national de la mode en volume. Et bientôt, peut être, en volume d’affaires.
Méthodologie : les données publiées correspondent aux chiffres d’affaires 2024 TTC, carburant inclus, réalisés en France par les enseignes ayant pour vocation la vente de produits de consommation courante : PGC, restauration, sport, électroménager, carburant, produits culturels, bricolage, jardinage, textile, ameublement, santé, auto. Le périmètre intègre, le cas échéant, le CA réalisé par les partenaires ou franchisés de l’enseigne. En cas d’activité marketplace seul le chiffre généré par les commissions est inclus.