Tribunes

Tribune n°41 (mars 2007)

Adieu les Halley, bonjours les Naouri…

Adieu les Halley, bonjour les Naouri ?

LES FAITS. Remue-ménage chez Carrefour cette semaine : arrivée de Bernard Arnault et de Colony dans le capital, à hauteur de 9 % ; limogeage de Luc Vandevelde sur fond de divergences de vue avec les Halley sur l’avenir de leur participation dans Carrefour. Pendant ce temps, Gabriel Naouri, le fils de Jean-Charles, fait ses classes dans un Géant Casino breton.

La semaine qui s’achève restera comme décisive dans l’histoire de Carrefour : l’entrée en force de deux nouveaux investisseurs dans le capital (Bernard Arnault et le fond Colony); le limogeage de Luc Vandevelde, président du conseil de surveillance; et les doutes désormais insistants sur le réel intérêt des Halley à conserver leur participation (13% du capital) dans le numéro 2 mondial de la distribution, malgré la nomination de Robert Halley, le frère de Paul-Louis, à la tête du conseil. Des doutes non seulement alimentés par diverses informations de marché (dont certaines d’une précision troublante), mais également par l’œuvre du temps, dès lors qu’une famille disparaît peu à peu des organigrammes d’une affaire qu’elle a contrôlée. En l’espèce, Carrefour a déjà connu pareils “détachements” avec les Fournier, les Badin et les Defforey – les fondateurs, qui lui ont longtemps valu d’être un “groupe familial”. En reprenant Carrefour en 2000 par l’apport de Promodès (c’est ainsi que l’histoire du commerce devra retenir la fusion entre les deux groupes), les Halley ont prolongé l’emprise familiale. Mais la disparition accidentelle de Paul-Louis Halley, qui était le vrai lien entre les siens et le commerce, a contribué à faire de Carrefour, non plus une “affaire de famille”, mais un placement (presque) comme un autre. Et le temps, comme toujours et comme ailleurs, fait le reste…, conduisant les héritiers à s’interroger sur la pertinence de leurs placements, comme un modeste épargnant le ferait. Aussi, peu importe que les Halley aient proposé – ou non – leurs actions ces dernières semaines, la logique conduit à une certaine évidence… Sauf à considérer que leur participation au capital puisse être animée d’une sacré dose d’affect. Ce qui est rarissime dans l’économie dès lors que management et actionnariat ne se superpose plus parfaitement.
Est-ce ainsi qu’il faut lire l’immersion dans le commerce de Gabriel Naouri, le fils de Jean-Charles Naouri (l’actionnaire majoritaire de Casino) ? Du service du poisson la semaine dernière au quai de réception ces jours derniers, Naouri Junior fait actuellement un tour complet et consciencieux d’un Géant Casino breton. Sacré pied de nez… Alors que Carrefour perd peu à peu son caractère familial, Jean-Charles Naouri redonne le sien à Casino. Qui l’aurait cru ?

O. DAUVERS

Quand Bernard Arnault (LVMH) faisait condamner Carrefour…
Une histoire qui ne manque pas de saveur, à l’heure où Bernard Arnault s’impose comme le deuxième actionnaire de Carrefour : il y a moins d’un an, en Chine, son groupe LVMH a fait condamner Carrefour pour revente de faux sacs Vuitton dans ses hypers       (6 dollars la pièce alors que le prix “normal” était d’environ 1000 dollars). Et LVMH n’avait alors pas de mot assez durs pour fustiger l’enseigne…

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