Tribunes

Tribune n°59 (nov. 2008)

Consommation : vice ou vertu ?

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Consommation : vice ou vertu ?

LES FAITS. La traditionnelle étude du cabinet Deloitte a déjà fait le bilan des ventes de… Noël ! Résultat : un repli des chiffres d’affaires de 5 %. Avec des cadeaux annoncés à – 6,7 % et des dé-penses alimentaires à – 2 %.

L’automne, ses premiers frimas, les feuilles qui tourbillonnent et l’étude Deloitte qui, comme chaque année à pareille époque, propose déjà le bilan des ventes de… Noël avec la bienveillante complicité de journalistes, trop heureux de pouvoir enfin annoncer un résultat avant que le match ne commence ! Donc, puisque c’est déjà écrit, le Père Noël fera ceinture en 2008. Un élément supplémentaire à charge pour l’économie française dont la prospérité, peut-on lire, est directement corrélée au niveau de consommation des ménages. A tel point qu’à Bercy comme à l’Elysée, les «crânes d’œufs» de la République cogitent nuit et jour pour imaginer le plan qui soutiendra la consommation et, ce faisant, maintiendra l’économie au-dessus de la ligne de flottaison. En clair, voilà la consommation parée de mille vertus, au premier rang desquelles le sauvetage d’un modèle économique en grand désarroi. Et, naturellement, l’idée est reprise urbi et orbi. «Consommez, consommez !», hurle-t-on au peuple, désemparé car désargenté.

Vertu économique,mais vice moralet environnemental

Paradoxalement, il y a encore peu (quelques mois tout au plus), la consommation n’était que vices. Un vice moral tout d’abord, que soutenaient philosophes et «alters» de tous poils : que vaudrait en effet une société mue seulement par une inextinguible soif de consommer, où la finalité de l’homme ne serait que possession et jouissance matérielle ? Vice environnemental ensuite. Pour partie, les débats du «Grenelle de l’environnement» avaient pointé la dérive de l’hyper consommation, responsable d’un épuisement rapide des ressources de la planète et d’un amoncellement de déchets. Une dérive à endiguer urgemment assurait-on. Au point que la déconsommation en apparaissait presque comme l’indispensable passeport de la survie de l’espèce. Patatras. Voilà désormais la théorie inverse plébiscitée. Et ce avec la même conviction et par – parfois – les mêmes oracles. Qui croire ? Les deux thèses ne s’opposeraient-elles pas finalement qu’en apparence ? Et ne seraient-elles pas en fait parfaitement compatibles tant leur échelle de temps est différente. L’urgence n’était donc pas là où il était politiquement correct de le penser.   Une conclusion s’impose donc :    à court terme, la consommation sauvera le Monde, tout enle tuant à petit feu. Définit-on autrement une drogue ?

O. DAUVERS

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