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Le coup de cœur du dimanche : “Mikey”, l’épicier qui tient boutique depuis… 60 ans

A l’état-civil, il est Michel Tilière, 83 ans en juillet. Ici à Solignac sur Loire, dans la campagne du Puy-en-Velay (Haute-Loire), il est “Mikey” : l’inamovible épicier du village depuis 60 ans (et trois mois) que j’ai pris un bonheur infini à écouter. C’était vendredi. Lui, assis derrière son comptoir-bureau. Moi, debout, béat devant un monument “d’histoire commerciale”. L’histoire, justement. En bientôt… un siècle (en 2026), la boutique n’a connu que deux propriétaires : la “Maman”, qui s’était lancée en proposant huile et savon ; le fils, Mikey donc, de retour d’Algérie dans les derniers jours de 1961 et qui a repris le flambeau. 7 jours sur 7, 365 jours par an. Ou presque. En 60 ans (soit… 21 900 jours), Mikey a quitté sa boutique 70 jours. “Ici, c’est ma vie“. On le croit sans barguigner. “J’y resterai jusqu’à la fin“. On lui souhaite lointaine.

La boutique ? Un joyeux bazar d’une soixantaine de mètres carrés qui dépanne encore quelques habitants, la discussion philosophique en plus. Évidemment, Mikey connaît tous ses clients, toutes les familles. Souvent sur plusieurs générations. Les produits ? Livrés tous les quinze jours par le grossiste du coin, affilié à la centrale Francap, d’où les produits Belle France sur les étagères. Quelques produits locaux s’y rajoutent. Du miel notamment. Mais sans étiquette. “Ma parole est le meilleur argument de vente“. On croise les doigts qu’un crâne d’œuf de je-ne-sais-quelle administration ne lui cherchera pas des poux (dans sa barbe fournie, façon Père Noël). Évidemment (bis), l’informatique et la carte bancaire se sont arrêtées aux portes de l’épicerie. Un cahier manuscrit vaut cadencier, livre de comptes et fichier clients. Et la TVA n’est plus qu’un souvenir depuis que Mikey a franchi (à la baisse) le seuil d’exemption, loin des 100 millions d’anciens francs du record de la boutique. Car, évidemment (ter), les clients sont désormais rares. Mais, après tout, est-ce ici l’essentiel ? C’est bien la première fois que je réponds “non” !

Mikey installé derrière son bureau/comptoir

Le “joyeux bazar” (euphémisme)

Pour les collectionneurs : du Kirsch Excelsior, “la part des anges” en moins quand même. Mais le prix en francs en plus.

5 commentaires

  1. À l’heure du foisonnement des impersonnels drives piétons, un dernier dinosaure qu’il faudrait congeler et ressortir dans 20-30 ans pour un “devoir de mémoire” du commerce…

  2. Cela me rappelle l’épicerie familiale, chez moi dans le Lot, tenue par ma grand-mère et mon oncle. Les mêmes casiers, les mêmes produits Belle France. C’était juste un peu mieux tenu héhéhéhé. Merci pour ce joli souvenir !

  3. “Le “joyeux bazar” (euphémisme)”

    Ah c’est comme dans mon appart…
    Mais je me suis très vite aperçu que je retrouve plus facilement ce que je cherche que quand c’est rangé.

    🙂

    Bravo Michel.

  4. J’imagine le crâne d’œuf demander à Mikey un document un peu officiel…
    La réponse un peu taquine : ” oui attendez je vais vous trouver ça…”
    Asseyez vous.
    Une place dans les magasins de l’année à voir. Pour soutenir le petit commerce.

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