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La désintermédiation perd un fidèle représentant : Everli

Everli c’est fini ! L’Instacart européen se retire de France comme il l’a annoncé hier aux enseignes (et révélé sur mon fil Twitter hier). A l’instar du quick-commerce, décidément, les nouveaux modèles de courses ont du mal à s’imposer.

C’est en 2014 qu’Everli a vu le jour en Italie sur le même principe que l’Américain Instacart. Concrètement, la start-up “aspire“ l’offre des enseignes en place pour la proposer sur son application aux clients qui trouvent alors sur l’interface Everli un assortiment bien plus complet que sur l’application ou le site d’un seul drive. Une fois le choix du magasin fait, Everli envoie un de ses “personal shoppers“, auto-entrepreneurs, faire le picking dans les rayons, payer et livrer à domicile. Le tout sous les couleurs vert et blanc d’Everli, en totale désintermédiation des points de vente dont la fonction se réduit à celle d’entrepôts logistiques. En février 2021, ce principe d’ubérisation du retail a franchi les Alpes pour s’installer à Lyon après avoir préalablement conquis la Pologne et la République Tchèque (revoir mon test ici). Un an après, pas moins de 12 villes proposaient le service. Autant d’occasions de tester et re-tester, mais aussi de mieux comprendre le fonctionnement et surtout d’appréhender le modèle économique d’Everli.

Tout d’abord, qui dit aspiration des offres en magasin ne dit pas respect des prix affichés. Une majoration de 5 à 10 % est systématiquement appliquée, venant s’ajouter à des frais de préparation incompressibles de 5 €. Everli a rapidement vu que ce renchérissement n’était pas du goût de toutes les enseignes, particulièrement les plus discount. Leclerc et Lidl ont donc mis en demeure la start-up afin que leurs magasins disparaissent de l’interface. Une injonction plus ou moins appliquée dans le temps (Everli ayant de nouveau proposé Lidl depuis quelques semaines). Toutes les enseignes n’ont toutefois pas agi de la même manière. Certaines comme Carrefour, Casino et Franprix devenant même partenaires d’Everli lui offrant ainsi une autre forme de rémunération via un % sur chaque panier.

Reste qu’en période d’inflation et d’extrême tension du pouvoir d’achat, difficile pour un business basé sur la majoration des prix de s’imposer… d’autant qu’à la différence des start-up du quick-commerce, Everli ne peut tabler sur une réserve de cash n’ayant levé “que“ 135,6 millions d’euros depuis ses débuts (dont 107 en 2021 et 2022). Là où le quick-commerçant Getir a engrangé 1,8 milliard de dollars, Gorillas, 1,3 Md$, et Flink, 1 Md$. Ce qui, pour autant, ne laisse rien présager de leur avenir…

Pour en savoir plus sur Everli :

Everli : la “désintermédiation” est en marche

• Rencontre avec Federico Sargenti, CEO d’Everli

• [ EXCLU ] La plateforme italienne Everli contrainte de se passer de Leclerc et de Lidl

• Everli et Lidl (à Paris comme ailleurs) : ça ne pouvait pas le faire, évidemment…

• TRIBUNE : Face à la marketplace Everli : Et si l’on voyait en fait les forts et… les autres ?

• Everli / Lidl : passage en force !

3 commentaires

  1. La valeur ajoutée n’est vraiment pas évidente… Qui a envie de payer 5€ + 10% de plus pour les mêmes produits ?

    1. Instacart vantait que ses pickers “savaient mieux choisir un melon que le client classique”, car c’était leur métier (et avaient davantage intérêt à choisir les meilleurs flegs qu’un drive, puisqu’Instacart n’est pas lié à l’enseigne)

      Cela dépend comment on valorise son temps mais ~10€ pour gagner 1h de temps, ça peut intéresser des gens (mais pas assez visiblement)

  2. Le terme de désintermédiation me semble tout à fait inapproprié, puisqu’on ajoute un intermédiaire de plus (avec sa marge)

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