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Toujust bouscule son modèle pour se relancer

Je l’ai révélé ici : le démarrage de Toujust est beaucoup plus laborieux qu’escompté. Passé l’effet de surprise des ouvertures, les chiffres des deux premiers magasins ont été si inférieurs à l’objectif que l’ambition de développement a été revue à la baisse. Et comme j’ai revisité Alès (30) et Monéteau (89) le mois dernier (et hors de tout voyage organisé of course), je peux témoigner qu’il n’y avait pas foule…

Depuis, Fabrice Gerber, le créateur de l’enseigne, a ouvert trois nouveaux magasins sur un modèle revu : à Cambrai-Proville (59), Amiens-Rivery (80) et Clermont-Lempdes (63). J’ai visité la semaine dernière Cambrai et Amiens. Avec deux constats : d’abord, il y avait davantage de clients (surtout Amiens, même si c’est évidemment relatif) et le modèle est désormais assez éloigné des ambitions initiales (d’un commerce radicalement différent) et plus proche des déstockeurs où l’offre est davantage constituée d’opportunités que construite en fonction d’unités de besoin qu’il faudrait couvrir. Mais si les clients répondent présents, c’est bien le plus important 😉

La visite-décryptage en 4 points…

1/ Une implantation plus classique (où l’ensemble du magasin se “lit” dès l’entrée)

Alès et Monéteau, les deux premiers magasins, étaient “circularisés”. Certes pas façon Ikea, mais le client n’avait pas une vue globale du magasin dès l’entrée. Désormais, tous les rayons se voient (notamment le FLEG) et la vocation de petit supermarché nettement plus évidente.

Toujust Amiens Rivery
Toujust Cambrai Proville

2/ Un assortiment (très) raccourci et très ethnique

Officiellement, l’offre alimentaire a été divisée par 2 : de 10 000 à 5 000 réfs. En réalité, c’est actuellement moins encore. Surtout, une part importante est construite dans une logique d’opportunité davantage que de couverture d’unités de besoin. Pas certain par exemple que les tartinables gersois potimarron/agrumes (et c’est un Gersois qui l’écrit) soient indispensables dans une gamme… De même, étonnant de constater qu’il y autant de pâtes bio que non-bio.

Conséquence de l’offre courte : des facings plus que généreux, parfois sur un élément entier. Et sur toutes les tablettes… C’est le cas de Danette et Danonino, visiblement car Toujust a été opportuniste dans l’achat (façon H Market par exemple, les DLC en témoignent d’ailleurs).

Enfin, autre caractéristique de l’assortiment : très ethnique. Semoules et légumes secs occupent ainsi autant d’espaces que les pâtes. Ou, plus frappant encore, la totalité de la volaille découpée était halal (et clairement signalée comme telle).

Logiquement, la part de l’offre locale / terroir / typique (qui avait été annoncée à l’origine comme un marqueur de l’enseigne) est réduite à la portion congrue. Pas inexistante certes (Fromagers de Lozère, Saveurs de la Drome, Tradition et terroir, etc.) mais objectivement marginalisée.

3/ Des origines souvent “exotiques”

C’est le changement le plus visible dans l’offre Toujust. L’assortiment est un véritable voyage à travers le Monde de l’alimentation. Le pain de mie et une partie de l’ultra-frais ? Espagnols. Les jus de fruits ? Marocains. Les pâtes (non bio) ? Tunisiennes. Les céréales pour petit-déjeuner ? De Macédoine du Nord. Le poulet ? Roumain (on est loin du storytelling originel sur un produit aussi symbolique de la production agricole française…). Les tomates grappe ? Néerlandaises. Et les exemples sont nombreux.

Conséquence : l’essentiel des marques sont inconnues des consommateurs. Sauf, peut-être, de ceux qui fréquentent aussi B&M, Stokomani et les autres bazars discount.

Sur ce sujet, une amélioration notable vs l’origine : les produits sont ré-étiquetés en français lorsque nécessaire.

4/ Quelques prix totalement imprenables (façon déstockeur)

Initialement, Toujust promettait des courses 10 % moins chères. Avec la disparition de l’essentiel des marques nationales et l’importation d’une part majeure de l’offre, c’est évidemment impossible d’établir des comparaisons. Néanmoins, sur quelques coups, Toujust est imbattable, ce qui le rapproche là encore des déstockeurs. Trois exemples la semaine dernière : le Ricard à 18,99 € la bouteille d’un litre (vs 20,65 € prix moyen France), le Nescafé 200 g à 5,99 € (vs 7,23 €) ou Danonino deux fois moins cher que dans le Leclerc voisin. Forcément, ça pique…

20 commentaires

  1. Tout juste ouvert
    Et bientôt fermé
    Nonobstant le choix de produits ethniques…j oserais un petit
    “Ça sent le pâté”
    Quand tu crée un concept avec des partis pris forts et déclarés voire declames et que tu chantes tout au troisième magasin ce n’est jamais très bon signe
    C’est facile mais….tout faux ?

  2. Faudra recroiser avec le pitch de lancement, entre la participation des fournisseurs au capital, les produits locaux etc.
    Tout à côté
    Heureusement qu’il reste Oliviers pour faire du vrai journalisme plutôt que les autres médias (yc les “pros” type lsa) qui ne viennent qu’aux inaugurations et recrachent les communiqués de presse…

  3. J’aime bien les couleurs des Caddie.
    Sait-on déjà qui sera le liquidateur afin que je ne loupe pas le coche ?
    Quel fiasco…

  4. Toujours très courageux OD : il tente de décrypter un concept… qui n en a pas ! Chapeau l artiste ! 🤣

  5. Va falloir que FG soit très fort pour clamer que tout va bien….
    Pour le reste effectivement là nous avons un OCNI (objet commercial non identifié)

  6. Première impression? Un LIDL d’il y a 30 ans, en pire.
    Même ACTION donne davantage envie.
    2 mois et c’est fermé.
    Encore une fois, c’est super d’oser et d’entreprendre mais inventer des nouveaux concepts éloignés des besoins réels des consommateurs n’est jamais source de succès.

  7. Ca ne gêne pas les clients d’acheter des tomates des Pays-Bas ?
    Franchement ca fait pitié ces magasins…

  8. 1,49€ le kilo de tomates du Pays-Bas alors que le kg de tomates bio ET françaises est à 1,99€ au Naturalia à côté de chez moi…

    1. Il serait bon d’arrêter de ne regarder que les prix d’achat. Il vaut mieux prendre des produits qui sont de très bonne qualité et issus de notre terroir plutôt que leurs équivalents qui ont fait des milliers de kilomètres. Pour dépenser moins d’argent, les gens n’ont qu’à arrêter d’acheter des consoles de jeux vidéos, de payer des abonnements inutiles (netflix par exemple) ou de consommer de la merde (coca-cola, nutella, mcdo etc).

  9. c’est bien d’essayer mais pour bien se relancer à peine 5 mois après la première ouverture. Il faudrait que le fondateur sache se remettre en question.
    Qu’il pratique un peu de social avec les salariés, qu’il arrête de renvoyer les gens avant leur fin de période d’essai. Qu’il respecte les gens et arrête de leur parler comme à des chiens.
    Bref en 5 mois Toujust est l’entreprise qui a le plus mis fin au période d’essai et ce à tous les niveaux siège, magasins… d’ailleurs une action des remerciés se prépare.
    A suivre…

    1. Bonjour libellule. Oui concept qui a fait rêvé ses futurs employés. Dégagés comme des moins que rien après avoir fait trimé quelques uns. Ils ont eu besoin d’eux pour l’ouverture. Maintenant que tout est installé ben aurevoir les petits. Je le dis en connaissance de cause. Un employé m’en a parlé. Il n’y a pas que dans un magasin apparemment.

      1. Bonjour ludo. Vous aussi?? En fait cette enseigne cache bien son jeu. Je pensais qu’il n’y en avait que dans 1 magasin mais visiblement c’est tout les magasins. Les employés virés vont ce rebellé.

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